• Fellag nous parle de "Monsieur Lazhar"

    <header style="margin-bottom: 0.725em; position: relative; padding-right: 75px; color: rgb(63, 62, 62); font-family: 'Gentium Book Basic', 'Times new roman', Times, serif; font-size: 18px; line-height: 26px;">

    "Monsieur Lazhar est dans l'air du temps"

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    <figure class="ccmcss_cms_figure center" style="margin: 5px auto 0.81563em; max-width: 100%; position: relative; font-size: 1rem; border: 1px solid rgb(218, 218, 218); line-height: 1.3; width: 400px;"><figcaption></figcaption></figure>L'acteur incarne un immigré algérien qui va se reconstruire en enseignant à des élèves touchés par un drame dans "Monsieur Lazhar", en salles le 5 septembre 2012. Rencontre.   <header style="margin-bottom: 0.725em; position: relative; padding-right: 75px;">

    "Mon propre exil m'a beaucoup servi à jouer ce personnage"

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    <figure class="ccmcss_cms_figure ccmcss_cms_figure--right" style="margin: 5px auto 0.81563em 1.63125em; max-width: 100%; position: relative; font-size: 1rem; border: 1px solid rgb(218, 218, 218); line-height: 1.3; float: right; width: 200px;">le canada, un autre climat <figcaption>Le Canada, un autre climat © Ronald Plante / UGC Distribution</figcaption></figure>

    Comment vous êtes-vous retrouvé dans un film canadien ?
    Fellag : A cause du scénario, le personnage principal Bachir Lazhar étant d'origine algérienne. Par ailleurs, lors d'un festival de théâtre, on m'avait proposé de lire la pièce d'Evelyne de la Chenelière dont le film est l'adaptation. Lorsque j'ai reçu le texte, je suis tombé sur le derrière tellement c'était beau. Or c'est très rare les textes qui saisissent tout de suite. Dès les premières phrases, on sent une âme, une émotion. Là, j'ai senti un personnage extrêmement chargé et en même temps assez étrange. J'ai donc fait une lecture publique de la pièce et ce fut un moment très fort à la fois pour le public et pour moi. On y trouve ces si belles émotions que produisent la sincérité, la dignité, la tenue. Pas l'émotion brute de décoffrage qui prend en otage le spectateur en lui disant : "Tu vas pleurer, sinon c'est que tu n'as pas de coeur". En fait, c'est tout ce que le personnage retient qui touche. 
    Avec mon metteur en scène, on a eu l'idée de monter la pièce. Et puis, le temps de trouver un théâtre disponible, etc., j'ai reçu la proposition de Philippe Falardeau pour le film. 

    Votre personnage partage avec vous le fait d'avoir été contraint de s'exiler d'Algérie. Est-ce que ce point commun vous a aidé à vous approprier votre rôle ?
    Bien sûr. J'ai moi aussi fait un exil plus lointain auCanada, mais de façon volontaire, seulement pour trois ans. Et quand même, l'administration, la façon dont ça se passe là-bas, l'hiver, la langue, les gens... Tout ça, c'est comme un exil, on rentre dans une autre société. Et ça m'a beaucoup servi évidemment, mais après il y a l'acteur qui compose. Je pense en effet que, si le personnage était un Iranien, un Chinois ou un Coréen du Nord qui partait au Canada et avait la même histoire, je l'aurais joué avec le même plaisir et j'aurais utilisé aussi cet exil algérien pour l'interpréter.
     

    <figure class="ccmcss_cms_figure ccmcss_cms_figure--left" style="margin: 5px 1.63125em 0.81563em auto; max-width: 100%; position: relative; font-size: 1rem; border: 1px solid rgb(218, 218, 218); line-height: 1.3; float: left; width: 185px;">dans la peau du maître d'école <figcaption>Dans la peau du maître d'école © Ronald Plante / UGC Distribution</figcaption></figure>

    Le réalisateur Philippe Falardeau cite les films deKen Loach ou Mike Leighcomme inspiration, notamment concernant la manière réaliste dont est montrée l'école. Aviez-vous également en tête cet aspect naturaliste lors de la préparation et du tournage ?
    Effectivement, sur le tournage, il demandait à tous les acteurs qu'ils soient les plus réalistes possible, sauf à moi car mon personnage est déjanté. Dans le film, son avocat lui dit d'ailleurs qu'il devrait aller consulter un psychiatre et il lui répond : "Mais non... Je n'ai pas le temps pour ça". Il a pourtant un petit grain et j'ai bien aimé le jouer avec ce petit grain, sans que ça se voit, avec subtilité.

    Avez-vous suivi une préparation particulière pour interpréter un maître d'école à l'écran ?
    Pas du tout. Comme le personnage n'est pas instituteur à la base, il fallait que je laisse la part de maladresse, de gestes mal faits, d'hésitation dans l'échange de regards avec les élèves. C'était important que ce ne soit pas préparé. Par contre, j'ai justifié le jeu de Bachir, qui se dit enseignant, par le fait qu'il a emmagasiné pendant 19 ans toutes les informations que sa femme lui a apportées en tant qu'enseignante. 
    On dit toujours aux acteurs qu'il faut inventer le personnage avant qu'il arrive, pour justifier comment il fait les choses. Alors j'ai imaginé que mon personnage était en admiration devant sa femme, que chaque soir elle lui racontait des anecdotes de sa journée, et qu'il s'est approprié son expérience. Surtout que ce n'est pas une personnalité quelconque. C'est une maîtresse d'école qui est une intellectuelle, qui a une position politique, qui défend des valeurs. Elle a écrit un livre contre la mafia politique et les travers du pouvoir en Algérie, donc c'est quelqu'un d'extrêmement intelligent qui a le courage de défendre ses idées. Si elle a épousé Bachir, c'est qu'il ne peut être qu'un haut-fonctionnaire, très cultivé. 
    Quand il perd sa femme et ses enfants, il lui reste la culture. Il devient maître d'école pour la ressusciter, en quelque sorte. Il enseigne donc certainement comme le faisait sa femme, ainsi qu'à partir des souvenirs qu'il lui reste de son propre passage à l'école.

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    "La langue est un facteur absolu d'intégration"

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    <figure class="ccmcss_cms_figure ccmcss_cms_figure--right" style="margin: 5px auto 0.81563em 1.63125em; max-width: 100%; position: relative; font-size: 1rem; border: 1px solid rgb(218, 218, 218); line-height: 1.3; float: right; width: 250px;">briser le tabou du deuil <figcaption>Briser le tabou du deuil © Ronald Plante / UGC Distribution</figcaption></figure>

    Comment expliquez-vous que votre personnage ne partage pas sa propre souffrance alors qu'il fait tout pour que celle des enfants éclate au grand jour ?
    A part le moment où des agents de l'immigration l'obligent à raconter ce dont il ne veut pas parler parce que ça lui fait trop mal, il est dans une sorte de déni. Il ne veut même pas y penser parce qu'il en souffre trop. Sa femme ne voulait pas partir avant la fin de l'année pour ne pas abandonner ses élèves en cours de route, lui est parti au Canada. Tout ce qui le tient donc à partir de ce moment-là, c'est de sauver les deux élèves de sa classe qui sont en grande souffrance. Alors il joue le rôle de sa femme et il la ressuscite.

    Monsieur Lazhar accorde beaucoup d'importance à la maîtrise de la langue en classe, mais aussi dans sa vie quotidienne puisqu'on le voit souvent lire. Pensez-vous également que c'est un des facteurs principaux d'intégration ? 
    C'est un facteur absolu d'intégration. En dehors du plaisir que nous apportent les mots, de toutes les sensations, les relations avec les choses, avec l'abstrait, le concret, avec les rêves, et de la relation avec l'autre qu'ils rendent possibles. Si on parle 500 mots, on peut faire 1 000 fois plus de choses que si on ne parle que 100 mots. En plus, la langue, c'est beau, c'est sensuel et puis ça permet de parler, de s'ouvrir... Donc les livres, c'est mieux que tout. 
    La lecture, ça permet de connaître les hommes, les pays, de voyager dans l'autre, dans la géographie, mais aussi dans l'âme, dans l'esprit des gens. Moi, j'ai été fabriqué comme ça en tant qu'acteur et en tant qu'homme. Je suis un produit de mes lectures. Et quand on immigre, il faut aimer la langue de l'autre, il faut l'apprendre, l'écouter, et être curieux de toutes les facettes de cette nouvelle culture. C'est la seule façon de tracer des chemins dans l'opacité de l'autre.
     

    <figure class="ccmcss_cms_figure ccmcss_cms_figure--left" style="margin: 5px 1.63125em 0.81563em auto; max-width: 100%; position: relative; font-size: 1rem; border: 1px solid rgb(218, 218, 218); line-height: 1.3; float: left; width: 250px;">combler le fossé culturel <figcaption>Combler le fossé culturel© Ronald Plante / UGC Distribution</figcaption></figure>

    Diriez-vous que le film a une dimension politique ?
    On peut le dire dans le sens où il apporte des éléments de l'individualité. Bachir vient d'une société collectiviste, de tribus, comme le sont l'Algérie, le Maroc, la Tunisie, où l'individu n'existe pas. Il fait partie de ceux qui se sont détachés du groupe pour prendre la responsabilité de leur vie, ne pas accepter tous les diktats, les règles qui sont imposées par le groupe. Donc il arrive au Canada comme un individu. Il est très peu "Algérien", il ne parle pas de religion. C'est un être universel qui a gagné son individualité. Je ne sais pas si c'est politique, mais en tous cas c'est un point de vue intéressant.

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    "Le cinéma a sa propre magie"

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    <figure class="ccmcss_cms_figure ccmcss_cms_figure--right" style="margin: 5px auto 0.81563em 1.63125em; max-width: 100%; position: relative; font-size: 1rem; border: 1px solid rgb(218, 218, 218); line-height: 1.3; float: right; width: 250px;">photo de classe <figcaption>Photo de classe © Ronald Plante / UGC Distribution</figcaption></figure>

    Avez-vous été surpris par les nombreux prix remportés par le film ?
    Je ne m'y attendais pas du tout etPhilippe Falardeaunon plus. C'est venu comme une cascade depuis le prix de Locarno, ça n'a pas arrêté. Pratiquement tous les vingt jours, un nouveau prix tombait : la nomination au Festival de Toronto, à l'Oscar du Meilleur film étranger... Moi j'étais en tournée dans toute la France et à chaque fois que je lisais le journal, on avait un nouveau prix. J'ai même obtenu le Prix Génie (César canadien) pour mon interprétation de Bachir Lazhar et j'ai été très agréablement surpris. Le cinéma a sa propre magie. On fabrique un film d'une certaine façon, puis on lui colle de la musique, etc. Tout d'un coup il y a une chose qui apparaît et, je ne sais pas pourquoi, parfois ça fonctionne. Monsieur Lazhar est dans l'air du temps et il rentre dans les cœurs. 

    Le 12 septembre, vous serez aussi à l'affiche de Ce que le jour doit à la nuit dans lequel vous interprétez de nouveau un Algérien. Est-ce un choix de votre part ou est-ce qu'on ne vous propose que des rôles liés à votre origine ?
    Ça ne me gêne pas plus que ça. Parfois, on fait appel àGérard Darmon pour jouer un Algérien ou un Italien parce qu'il a un physique de la Méditerranée. Même aux Etats-Unis, il y a beaucoup d'acteurs comme Antonio Banderas, à qui on fait jouer des rôles de Mexicains alors qu'il est espagnol. C'est légitime. Quand on cherche un acteur avec un physique d'Algérien, et bien on va penser à moi. Pour Monsieur Lazhar, Philippe Falardeau a aussi vu des acteurs qui n'étaient pas algériens, mais israéliens, arméniens, marocains... qui ont des physiques proches. C'est aussi valable pour les écrivains. On me demande souvent pourquoi tous mes romans se situent en Algérie. Mais parce que c'est là que j'ai envie de raconter des choses. C'est comme l'écrivain Amin Maalouf. Il est parti il y a presque 40 ans du Liban et pourtant tous ses romans se situent là-bas. C'est l'endroit de notre enfance, de notre jeunesse, où il y a donc tout le terreau de nos émotions, de nos premiers émois. Le pays de l'enfance, c'est un peu la matrice. 
     

    <figure class="ccmcss_cms_figure ccmcss_cms_figure--left" style="margin: 5px 1.63125em 0.81563em auto; max-width: 100%; position: relative; font-size: 1rem; border: 1px solid rgb(218, 218, 218); line-height: 1.3; float: left; width: 200px;">aller de l'avant <figcaption>Aller de l'avant © Ronald Plante / UGC Distribution</figcaption></figure>

    En France, vous avez tourné dans plusieurs films, mais on vous connaît surtout pour vos spectacles comiques. Souhaitez-vous à l'avenir accorder plus d'importance à votre carrière au cinéma ?
    Jusque-là j'ai accordé plus d'importance au théâtre, parce que je suis arrivé en France avec un spectacle qui a eu beaucoup de succès, Djurdjurassique Bled, et que j'ai joué 350 fois. Ensuite, personne n'a fait appel à moi pour jouer dans un film donc j'ai fait un autre spectacle, Un Bateau pour l'Australie. Si on m'avait confié un super rôle, je l'aurais repoussé d'un an, mais comme il n'y avait rien... Je dois bien gagner ma vie et aussi exister artistiquement, alors j'avance ainsi. Après j'ai fait Le Dernier Chameau, mais entre-temps j'ai pu jouer des petits rôles au cinéma qui ne nécessitaient qu'une ou deux semaines de tournage. En ce moment, je suis sur scène avec mon dernier spectacle Petits Chocs des civilisations jusqu'à fin avril, puis j'ai pris un an et demi de vacances parce qu'il y a deux, trois projets très intéressants au cinéma qui sont en train de se mitonner. 

    Un acteur à suivre donc...

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    Monsieur Lazhar

     

    <figure class="ccmcss_cms_figure ccmcss_cms_figure--left" style="margin: 0.81563em 1.63125em 0.81563em auto; max-width: 100%; position: relative; font-size: 1rem; border: 1px solid rgb(218, 218, 218); line-height: 1.3; float: left; width: 120px;">l'affiche du film <figcaption>L'affiche du film © UGC Distribution</figcaption></figure>

    Sortie le 5 septembre 2012

    Comédie dramatique de Philippe Falardeau avec Mohamed Fellag, Sophie Nélisse, Émilien Néron, Danielle Proulx, Brigitte Poupart, Louis Champagne, Jules Philip.

    A Montréal, Bachir Lazhar, un immigré algérien, est embauché au pied levé pour remplacer une enseignante de primaire disparue subitement. Il apprend peu à peu à connaître et à s'attacher à ses élèves malgré le fossé culturel qui se manifeste dès la première leçon. Pendant que la classe amorce un lent processus de guérison, personne à l'école ne soupçonne le passé douloureux de Bachir, qui risque l'expulsion du pays à tout moment. 

     

    Voir la bande-annonce du film

     
     
     
    « actricesNaguère d'Algérie tournée 1962 »
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