La fois dernière, je vous avais donné 2 mois pour ce Dimanche Critique Photo, puisque ça me prenait trop de temps de regarder vos images avec une connexion indienne. Du coup vous avez eu le temps d’en poster des tas :D On y revient juste après.

Pour ce mois d’avril, le thème sera un peu particulier, puisque je vais corser un peu le jeu en vous demandant de poster une série. Comme vous le savez, vous avez le droit à 3 images maximum, donc ça devra être une série cohérente de 3 images. Pour me faciliter le travail, il est important que vous les postiez toutes sur le groupe Flickr en même temps, et qu’elles ne soient pas éparpillées, car je regarde chaque mois des dizaines (centaines) de photos. Vous vous imaginez bien que je ne retiens pas le pseudo de tout le monde ;)

Votre série peut être sur n’importe quel thème, je veux juste vous faire travailler votre cohérence photographique ! :) Donc quand je dis série, je veux un ensemble d’images avec une cohérence, despoints communs, pas des photos prises au hasard bien sûr. Vous avez le droit de mettre un petit texte expliquant votre démarche en-dessous d’une photo si vous l’estimez nécessaire. La semaine prochaine, je posterai un article avec quelques astuces pour réussir une série, qui pourront vous aider.

Mais avant ça, voyons les meilleures photos des deux derniers mois !

Les photos du des mois

Le thème étant difficile, j’ai été tolérant sur son interprétation, et dès qu’une image invitait à la rêverie j’ai considéré que c’était bon ;)

Copyright Yvan Fornes

Commençons par cette image d’Yvan Fornes (déjà dans les photos du mois de la précédente édition), qui a le mérite de ne pas être « seulement » un paysage. La vue est sublime évidemment, et je passe sur les détails techniques bien gérés (exposition, contraste, couleurs), pour m’attarder sur la composition qui place bien ce petit garçon qu’on imagine émerveillé en face de cette immensité. Et il est là le secret : cette photo raconte une histoire. Et paf, ça fait des chocapics ! ;)

Copyright Matthieu Quandieu

Ensuite, j’ai beaucoup apprécié cette image très simple de Matthieu Quandieu. Le sujet est à peine perceptible, les couleurs sont uniformes et la composition très simple. C’est un parfait exemple de l’utilisation de « l’espace négatif« , c’est-à-dire du vide dans une image. Cette technique produit des images sereines et reposantes, même si la composition qui suit larègle des tiers permet de ne pas la rendre ennuyeuse. Moi, l’espace négatif, j’aime beaucoup ! :)

Copyright Catherine Chenu

Une image que je trouve très esthétique et qui m’a séduite par son exposition audacieuse est celle de Catherine Chenu, qui a réussi à rendre cette forêt presque magique. On se demande presque si cette lumière intense n’est pas provoquée par une magicienne ou un OVNI :PUn excellent exemple qu’il ne faut pas toujours chercher à exposer « correctement » toutes les parties de l’image, mais ne pas hésiter à aller dans les extrêmes. Ah, et vous serez peut-être surpris d’apprendre que l’appareil utilisé est un Canon Powershot S100, qui est un compact(haut de gamme, mais un compact quand même).

Copyright Sophie E

Enfin, pour finir, je complète cette sélection avec une image qui correspond moins au thème mais que j’aime beaucoup, surtout pour sa composition. J’aurais aimé que le poteau soit parfaitement centré et aligné à la ligne de séparation des 2 couleurs sur le mur, mais il était impossible de le faire en raison de la position du scooter. Le conducteur aurait du le placer plus à droite, aucun sens de l’esthétique, vraiment ! :P Plus sérieusement, c’était la meilleure composition qu’on puisse imaginer, et Sophie a eu un comportement de photographe : l’œil saisi par quelque chose d’intéressant visuellement, un bon cadrage, et c’est dans la boîte ! ;) De plus le mur évoque vraiment une ville latine (ici Barcelone) de part ses couleurs, et son état ^^

La critique

Faites l’exercice : déterminez vous-même les points forts et points faibles de cette image avant de lire ce que j’en dis ;)

Canon EOS 550D : 55mm, Priorité vitesse, 1/1000s, f/5.6, ISO 100 (Copyright Esteban Finisteria)

Points forts :

  • L’exposition : Il n’est pas toujours facile d’équilibrer correctement l’exposition en plein jour et de faire un ciel bien bleu (je soupçonne l’utilisation d’un filtre polarisant ?), mais en l’occurrence ici c’est bien géré.
  • Le choix de la focale : 55mm peut paraître étonnant pour du paysage, où on utilise souvent du grand-angle, voire de l’ultra grand-angle, mais en réalité ici ça s’explique très bien pour moi. Augmenter la focale (= zoomer) permet d’agrandir les éléments lointains surtout (les éléments très proches passent hors du champ de l’objectif). Ce qui a ici pour conséquence directe de faire prendre plus de place aux montagnes du fond que si on était à 18mm.
  • L’idée générale : C’est peut-être un peu classique, mais une route américaine s’étendant à l’infini vers l’horizon, ça répond parfaitement au thème de l’invitation au voyage. Opter pour unecomposition centrée est ici une bonne idée. Sauf que…

Points faibles :

  • La composition approximative : Faire une composition centrée et non pas en suivant la règle des tiers est tout à fait possible, mais dans ce cas là il faut le faire jusqu’au bout. Centrer complètement, et pas vite fait. Ici, il aurait fallu se mettre exactement au centre de la route (il devait y avoir un pas de côté à faire !), et tant qu’à faire s’arranger pour que les deux bords de la route (les lignes blanches) intersectent exactement les centres de l’image. Et là, boum, on ne verrait presque plus le cadre ! On serait transportés DANS l’image. Faire s’intersecter une ligne de l’image avec un coin est une bonne technique pour faire rentrer le spectateur dans l’image, comme par exemple ce que j’avais fait sur ce paysage du Luberon. Les lignes directrices ont un grand pouvoir, il faut les utiliser.
  • Les choix de réglages étranges : Déjà, je vois qu’Esteban a utilisé le mode priorité à la vitesse, réglé sur 1/1000èmePourquoi ? Il n’y a pas d’objet rapide à saisir, donc on peut se contenter d’une vitesse raisonnable. Ce qui importe ici, c’est plutôt d’avoir une profondeur de champ la plus importante possible, et donc de fermer le diaphragme. Or ici il est ouvert à f/5.6, et il me semble que l’avant-plan n’est pas des plus nets. Et pour cause, à ces réglages, même réglé sur l’hyperfocale, la scène commence à être nette à partir de 14m devant l’appareil ! En effet, comme Esteban a choisi 55mm, la profondeur de champ est relativement réduite. Il aurait donc été plus judicieux de fermer à f/16 (l’appareil serait descendu à 1/125s, ce qui est toujours suffisant).

Bref, entre la composition approximative et les réglages étranges, on pourrait avoir l’impression que l’idée était là, mais que le temps nécessaire pour la réaliser n’a pas été pris. Pourtant, il s’agissait juste de 30 secondes de plus ;) Il ne faut surtout pas être impatient en photo, c’est le meilleur moyen de faire des erreurs toutes bêtes que vous pourriez facilement éviter ;)