-
Depardieu n’est pas le bienvenu à Alger
Cinéma. Depardieu n’est pas le bienvenu à Alger
Publié le 06/09/2018 - 13:26Gérard Depardieu est actuellement en tournage pour un film historique en Algérie. Le choix de la star française pour un rôle principal provoque une vive polémique largement relayée sur les réseaux sociaux.
.
Go !“Cela va dans tous les sens. L’interprétation par Gérard Depardieu du rôle de Hussein Dey [dernier souverain, à la fin du XIXe siècle, de la régence d’Alger intégrée à l’Empire ottoman] dans le film que réalise l’Iranien Jamal Shoorjeh est fortement critiquée”, relèveTSA-Algérie. L’arrivée de la star du cinéma français à Alger pour le tournage du film a été annoncée le 31 août par la productrice Samira Hadj Djilani sur sa page Facebook.
“Réalisé par l’iranien Jamal Shoorjeh, connu par ses films historiques, Ahmed Bey, qui retrace la vie et le parcours du dernier bey de Constantine [dignitaire qui dirigea la ville sous la régence d’Alger] d’après un scénario de Rabah Drif, est déjà en tournage”, précise le site algérien. Au début d’août, le ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, a donné le coup d’envoi au Centre algérien du développement du cinéma (CADC), qui produit le film. Mais le casting n’est pas du goût des Algériens.
Un acteur français visé par une plainte pour viol
“‘Depardieu à Alger. Il n’y a pas un Algérien pour jouer Dey Hussein ? Scandale artistique’, écrit Tawfiq Belfadel, jeune écrivain et chroniqueur algérien, sur son compte Facebook.‘N’avez-vous pas dit qu’il fallait encourager la production locale, le comédien local ?’ s’interroge Hocine Cherroud. Le comédien Rachid Bengoudifa se plaint d’avoir été supprimé du casting après avoir été contacté par les producteurs du film Ahmed Bey. ‘Je n’ai pas compris qui a choisi les acteurs’, s’étonne-t-il, disant n’être pas contre l’engagement d’un comédien étranger. ‘Vous avez tourné le dos aux acteurs algériens. Beaucoup d’entre eux ont fait leur preuve dans des films en Europe. Quelles sont vos motivations pour un tel choix ?’ s’interroge, de son côté, Waheb Benarab”, relate TSA-Algérie.
Ainsi, le fait d’avoir recours à un acteur français n’est pas pour plaire. Qui plus est un acteur français récemment visé par une plainte pour viol, comme le pointe la page Facebook Algérie aujourd’hui suivie par quelque 700 000 abonnés : “Les responsables de la culture en Algérie n’ont pas trouvé mieux que d’offrir le rôle de Dey Hussein à l’acteur français controversé Gérard Depardieu qui est au cœur de beaucoup de scandales en France.” “Parmi ‘les scandales’ évoqués, l’affaire de l’agression sexuelle, portée devant un tribunal à Paris, par une comédienne française contre Depardieu, comme le souligne un internaute indigné que le rôle de Hussein Dey soit confié à ‘un criminel accusé de viol’ en France”, rapporte TSA-Algérie.
Un comédien qui soutient Israël
Le site algérien poursuit en relatant des commentaires qui dénoncent les liens d’amitié qu’entretient Gérard Depardieu avec Israël. “‘L’argent du peuple algérien est offert à un ami d’Israël… Il s’agit d’un lobby dangereux en Algérie. Depardieu est un grand partisan d’Israël. Je pense qu’il appartient aux députés et au ministère des Moudjahidine [les combattants pendant la révolution algérienne] de bouger pour arrêter cette dérive’, conseille le journaliste Mohamed Allal. Offusqué, Abdelali Mezghiche, journaliste à l’ENTV, qualifie d’inacceptable [le fait] de confier le rôle de Hussein Dey à un comédien ‘qui soutient l’entité sioniste. Les hommes libres de ce pays ne vont pas se taire’, menace-t-il.”
La productrice Samira Hadj Djilani a tenu pour sa part à assumer son choix, souligne TSA-Algérie, qui cite ses déclarations faites au quotidien Echorouk : “Je n’ai pas besoin de leçon de patriotisme. Je fais partie d’une famille qui a donné 15 martyrs pour ce pays.” “Selon elle, 80 % des techniciens du film Ahmed Bey sont algériens. À TSA, Samira Hadj Djilani a précisé que la présence de Gérard Depardieu a apporté beaucoup de visibilité au tournage du film. Le choix du comédien français a été fait depuis six mois, selon elle. ‘Je suis en train de travailler et j’assume mes choix. Je n’ai de compte à rendre à personne sauf à ceux avec qui j’ai signé le contrat, c’est-à-dire le ministère de la Culture’”. Pour le ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, “actuellement, on cherche toujours à donner une audience internationale à un film ‘en choisissant un réalisateur, un scénariste ou un comédien connu’”.
-
Commentaires