• Algérie - Rencontre avec Boudjemaâ Kareche et Djamal Allam : À la mémoire des grands hommes

    Publié le 11/11/2012 à 15:10 - 212 visites
    Source : El Moujahid
    Algérie - Rencontre avec Boudjemaâ Kareche et Djamal Allam : À la mémoire des grands hommes

    «J’ai essayé de rendre avec autant de franchise possible, parce que j’ai bien sûr arrangé les histoires en écrivant, ce souvenir de la forte impression qu’il dégageait sur moi, car il n’arrêtait pas de parler et uniquement du cinéma sous toutes ses coutures», souligne Boudjemaâ Karèche, lors de la vente-dédicace de son livre consacré à son ami le cinéaste Mohamed Bouamari.

    La filmathèque Mohamed- Zinet de l’Office Riadh El Feth a été, dans l’après-midi de jeudi dernier, le théâtre de deux courtes manifestations culturelles.
    Le public de cinéphiles avertis massé à la porte de la salle attendait impatiemment la projection du court-métrage du célèbre chanteur kabyle Djamal Allam, dont c’est la première réalisation cinématographique, un film très insolite de 20 minutes, intitulé « Banc public » projeté à cette occasion. L’autre surprise qui attendait l’assistance était la présentation du nouveau livre de l’ancien directeur de la cinémathèque d’Alger, Boudjemaa Karèche, consacré au brillant parcours du cinéaste aujourd’hui disparu, Mohamed Bouamari, une présentation qui fut suivie d’une vente-dédicace.
    Celui qui a occupé pendant une vingtaine d’années le haut du pavé du musée, défendant bec et ongles le cinéma algérien , invitant un public en l’initiant chaque semaine à un rendez-vous avec les chefs-d’œuvre du cinéma international, s’est converti après une retraite bien méritée à une autre passion : celle de raconter avec la culture et la verve qu’on lui connaît à l’écriture de livres dans un style très personnel où l’on a plaisir à découvrir ses talents insoupçonnés, outre bien sûr celui de parfait orateur, d’écrivain. « Maintenant je suis passé à autre chose, j’écris des articles de presse et des livres.
    J’aimerai témoigner de la carrière, avec ce troisième livre, d’un monsieur comme Bouamari dont j’ai été très fier et heureux d’avoir rédigé ce récit en hommage à cet homme féru du cinéma que j’ai longtemps côtoyé », a-t-il affirmé d’emblée, en expliquant qu’ à l’instar des personnalités comme Kateb Yacine ou Ali Zamoum, ce cinéaste était un authentique fils du peuple. Il ajoute : « Par son courage, un peu sa naïveté, son envie constante d’aller de l’avant alors que tout le monde sait que c’était un autodidacte qui n’a jamais étudié de façon classique, il savait tout du cinéma. Mais ce n’est certes pas cela l’essentiel, c’était sa grande sensibilité que je retiens quand on allait le retrouver chez lui à la Pointe Pescade ou à Ben Aknoun. »
    Pour écrire ce livre qui convoque merveilleusement les souvenirs passés avec son acolyte de toujours, Karèche s’est appuyé à l’évocation de son long cheminement avec le défunt à travers toutes les villes du pays, avec des marches à pied, des voyages ensemble en voiture pour la présentation de films ou simplement en accompagnant des réalisateurs. « J’ai essayé de rendre avec autant de franchise possible, parce que j’ai bien sûr arrangé les histoires en écrivant, ce souvenir de la forte impression qu’il dégageait sur moi car il n’arrêtait pas de parler et uniquement du cinéma sous toutes ses coutures », commente Boudjemaâ qui au passage remerciera les journalistes d’El Watan qui l’ont aidé à publier ce livre, même s’il a, tout au long de sa carrière, déploré que le cinéma algérien ait raté son envol, lui qui y croit, comme nos cinéastes qui ont réellement produit des films de qualité.
    Il cite d’ailleurs volontiers le film « Tahya Ya Didou » qu’il a eu l’occasion de revoir il y a quelques jours, comme étant pour lui le meilleur film qu’ait produit le cinéma algérien, une œuvre maîtresse à conserver dans les annales de la cinématographie mondiale. Boudjamaâ soutient par ailleurs dans ce dernier livre que le cinéma algérien et Bouamari ont le même âge, dans la mesure où ils sont nés dans les années 60, qu’ils ont brillé dans les années 70 et 80 pour malheureusement péricliter dans les années 90 et finalement disparaître dans les années 2000. Tout en relatant l’affaire du cinéma de Bordj — qui est actuellement fermée — et ce qu’elle a provoqué comme réactions, il affirmera que le problème actuel des salles de répertoire du cinéma est qu’elles sont gérées par les mairies, alors qu’elles doivent dépendre du ministère de la Culture, tout en préconisant une lutte quotidienne pour la sauvegarde du cinéma et des cinémathèques à travers le pays. Pour en revenir au déclic qui a poussé Karèche à écrire ce livre, c’est en se remémorant justement le succès dans une prestigieuse salle à Paris du film «Le Charbonnier» que l’idée de consacrer un livre entièrement dédié à la mémoire de Bouamari lui a traversé l’esprit :
    « Je voulais rendre tout cela de ce cinéaste dont un timbre avec Sembène Ousmane existe à Ouagadougou à son effigie (...) Je voulais rendre tout le personnage, l’ami mais surtout le cinéaste qui n’a jamais de son vivant eu l’estime et la reconnaissance qu’il méritait, surtout si l’on pense à son chef-d’œuvre «Le charbonnier», un film qui renferme beaucoup d’intelligence, du beau et de l’humain, sans compter l’aspect technique. Vous savez, dans le cinéma, on ne fonctionne que pour l’amitié et l’amour et rien d’autre, je vous conseille d’ailleurs de revoir quelques merveilleuses séquences de ce film magistral», déclare-t-il au publi

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  • Boudjemaâ KARÈCHEAlgérie

     

    envoyer un mail à Boudjemaâ Karèche

    Né en 1941.
    Boudjemaâ Karèche est licencié en Droit de la Faculté d'Alger. Animateur de la Cinémathèque Algérienne dès 1971, il y est nommé directeur en 1978, succédant à son fondateur, Ahmed Hocine. Outre son activité de conservateur et ses nombreuses participations à des jurys de festivals internationaux, M. Karèche a fait quelques apparitions en tant qu'acteur dans des films de Merzak Allouache (Les Aventures d'un hérosL'Homme qui regardait les fenêtres) et de Mohamed Bouamari (Premier pas).
    En 2005, il publie Un jour, un film (Editions Jazz, Alger), qui est un recueil d'anciens articles rédigés pour les quotidiens algérois Le Matin et Liberté.
    En 2009, Boudjema Karèche publie à Alger, à compte d'auteur, unnouvel ouvrage : Juste un mot.


     

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  • Culture : RENCONTRE AVEC BOUDJEMAA KARECHE AUTOUR D’“UN JOUR, UN FILM”
    Il faut aller au cinéma

    Rencontré la semaine dernière lors d’une ventedédicace de son dernier livre, Un jour, un film, l’ex-directeur de la Cinémathèque algérienne, celui qui a dans ses souvenirs l’essentiel de l’histoire du cinéma algérien, Boudjemaâ Karèche, a accepté entre deux signatures de répondre à nos questions.

    Le Soir d’Algérie : Avant de parler de votre actualité, en l’occurrence, la sortie de votre livre, Un jour, un film, on est tenté de vous (re)poser la question de votre départ de la Cinémathèque algérienne…

    Boudjemaâ Karèche : J’ai été mis à la retraite, c’est clair et simple. C’est-à-dire qu’on m’a renvoyé de mon travail.

    Le cinéma algérien, qui commence à bouger un peu, n’a pourtant jamais eu autant besoin de ses spécialistes et défenseurs…

    Je suis fier que vous me disiez ça. Mais le cinéma algérien ne bouge pas…

    Pourtant, en comparant avec les années précédentes, on voit plus de films dans les quelques salles qui existent.

    Vous parlez de la distribution alors ! Il y a quelques distributeurs courageux, d’ailleurs. J’ai écrit un texte sur eux, mais moi, quand vous me dites “cinéma algérien” je pense à la production algérienne. Je l’ai dit pendant 35 années à la Cinémathèque algérienne que je ne restais à la cinémathèque que s’il y avait un cinéma algérien, et malheureusement pour vous et pour moi, il n’y a plus de cinéma algérien, il n’y a aucun film qui se tourne et il n’y aura aucun film qui se tournera avant longtemps

    Difficile d’entendre ça de la part d’un spécialiste comme vous.

    Faut-il dire la vérité ou fautil encore tricher, moi je pense qu’il faut dire la vérité et la vérité est très souvent amère. Pas plus tard que ce matin, on me pose la question : “Monsieur Karèche, êtes-vous content du festival du film amazigh de Ghardaïa ?”. C’est faux, moi je n’y suis pas allé, d’autre part ce n’est pas un festival, ce sont des rencontres autour de la vidéo, et comment veut-on faire un festival de cinéma sans films et sans salles de cinéma. A l’heure où je vous parle, on est en janvier 2006 et il n’y a que trois salles de cinéma en Algérie : Algeria, Ibn- Zeydoun et El-Mouggar et elles sont vides… L’Etat taxe les distributeurs à hauteur de 57% et le privé ne s’intéresse pas au cinéma alors qu’il devrait, car il y a de l’argent dans le cinéma… Comment être optimiste ? Il y a que les jeunes qui peuvent changer la situation principalement en allant voir les films dans les salles de cinéma.

    Votre livre, Un jour, un film, marque votre retour, un retour qu’on peut qualifier d’inattendu puisqu’on vous soupçonnait derrière une caméra et on vous retrouve auteur d’un ouvrage !

    Je suis à la retraite depuis deux années, comme j’ai participé et écrit dans la presse et que j’ai beaucoup d’amis journalistes qui m’ont accordé beaucoup d’interviews, comme vous le faites-vous maintenant, j’ai donc décidé de ramasser tout ça. Ce sont des tonnes de documents. J’ai sélectionné puis je me suis dit que, peutêtre, ce que je raconte intéresserait quelques jeunes et moins jeunes. Ce n’est pas un livre sur le cinéma, c’est un livre sur mon travail à la cinémathèque. Vous allez trouver des rapports, des affections et des sympathies avec des êtres humains et des lieux. Maintenant, faire un film… quelle merveille de faire un film mais c’est très difficile. Et quand on veut faire un film, il faut avoir quelque chose à dire et c’est très très difficile d’avoir quelque chose à dire au cinéma, moi qui ai passé toute ma vie à regarder des films, je suis incapable d’en faire un. Cest un métier très difficile

    Mais vous avez quelque chose à dire sinon, pourquoi ce livre ?

    Moi, j’ai toujours dit que j’aime le cinéma, j’aime l’image mais la lecture d’abord, donc j’ai fait ce livre, ça peut aider des jeunes à lire des portraits, savoir qui est Ali Zamoum, qui est Fetouma, Ali Bekhti, Allouache et d’autres anecdotes que je raconte…

    Vous commencez votre livre par l’évocation de quelques femmes…

    Non, vous avez mal lu mon livre (rires). Je commence par un ami à moi, Ali Zamoum, que j’adorais, qui est décédé malheureusement depuis une année. Il était le plus jeune condamné à mort de la guerre de Libération. Il a compris une chose alors qu’il a eu des postes très importants, il a tout quitté, il a dit : “Pour que ce pays s’en sorte, il faut s’intéresser aux jeunes et à la culture des jeunes.” Toute sa vie il n’a fait que ça. Donc je lui rends hommage, ensuite, c’est vrai j’ai fait le portrait de sept femmes, parce que je pense qu’il n’y a pas plus beau au monde que les femmes. Un lieu ne peut être beau que s’il y a des femmes et ces femmes sont mes amies, je les aime et donc j’ai écrit sur celles que j’aime.

    Pour finir, quel est le conseil que vous donnez à la jeune génération qui est attirée par le monde du cinéma ?

    Allez voir des films. Il faut voir des films à longueur de journées

    Mais où ?

    Ben, il y a trois salles à Alger ! Faut voir les films deux, trois fois s’il le faut et bien sûr il faut lire la littérature, les grands auteurs et pas seulement les nôtres… Il faut aller vers la culture, c’est la seule façon de devenir cinéaste.
    Y. H.

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    Boudjemaa Kareche

     

    Ca fait 8 ans que Boudj n’est pas retourné à Alger. Forcé de quitter la cinémathèque. 8 ans qu’il ne parle plus, pas d’interviews : Boudj est exilé, retiré à la Madrague, à quelques kilomètres d’Alger, près de l’eau. Mais rien de nostalgique, c’est aussi une façon de dire : place aux jeunes maintenant, place à ses deux fils qui ont grandi à ici à la Madrague. La famille a été protégée par les « p'tits gars » du quartier, qui pendant la décennie noire répondaient aux curieux ou aux plus dangereux : "non, non, Kareche ? on ne connaît pas, n’habite pas là". 

     


    www.franceinter.fr 

    Biographie 

    Né en 1941. 
    Boudjemaâ Karèche est licencié en Droit de la Faculté d'Alger. Animateur de la Cinémathèque Algérienne dès 1971, il y est nommé directeur en 1978, succédant à son fondateur, Ahmed Hocine. Outre son activité de conservateur et ses nombreuses participations à des jurys de festivals internationaux, M. Karèche a fait quelques apparitions en tant qu'acteur dans des films de Merzak Allouache (Les Aventures d'un héros, L'Homme qui regardait les fenêtres) et de Mohamed Bouamari (Premier pas). 
    En 2005, il publie Un jour, un film (Editions Jazz, Alger), qui est un recueil d'anciens articles rédigés pour les quotidiens algérois Le Matin et Liberté. 
    En 2009, Boudjema Karèche publie à Alger, à compte d'auteur, unnouvel ouvrage : Juste un mot. 

     
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