• Slim à Alger

     Une séance de dédicace pour son livre Tout va bian et son poster Déclaration des droits de l'homme en Algérie est organisée par la Librairie El-Ijtihed (Chez Boussad) rue Arezki-Hamani (ex-rue Charras) mardi 10 septembre à 15h. Les Bouzidistes ne pourront pas dire qu'ils n'ont pas été informés. Attention, posters limités.

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  • The World's End

    de Edgar Wright

     

    Edgar Wright (après le sommet Scott Pilgrim) conclut une "trilogie" débutée par les formidables Shaun of the Dead et Hot Fuzz, avec son film le plus sombre mais aussi le plus fou. Cela débute comme une comédie de potes nostalgiques et cela finit comme un épisode deDoctor Who tourné par une équipe ivre (avec l'une des meilleurs bande-originale « compilation » de l'histoire du cinéma pour lier le tout). A la fois similaire aux deux épisodes précédents dans son appropriation des codes d'un genre pour mieux les dynamiter, The World's End repose davantage sur ses antihéros.

    Dans cet opus les auteurs versent dans le contre emploi, avec Nick Frost interprétant de manière tout à fait crédible le quadra responsable et Simon Pegg survolté en junky maniaco-dépressif. C'est moins un retour vers la jeunesse idéalisée qu'une acceptation du temps qui passe sans mettre de côté le plus important : être heureux, quelle que soit la forme que puisse prendre ce bonheur. Tout en dressant un nouveau portrait inimitable de la « génération X », celle des ados des années 90.

    The World's End va encore plus loin, en appuyant bien fort là où ça fait mal, en particulier lorsque le film s'en prend à l'uniformisation du monde, où toute personnalité (des êtres, des lieux, des désirs) se trouve nivelée, voire gommée. Il faut donc clamer (et réclamer) haut et fort la liberté de l'homme, quand bien même cela passe par la destruction de la planète. The World's End est un pamphlet d'humanisme militant. Personne ne peut nous obliger à nous plier à sa volonté, ni la société, ni le progrès, ni les bonnes âmes, ni Dieu, ni maître. La vraie liberté de l'individu est d'avoir la totale emprise sur lui-même et ses décisions, bonnes ou mauvaises.

    Au final chacun trouve sa parcelle de bonheur dans un monde bouleversé et surtout libéré de la dictature de la technologie et du conformisme. On pourrait croire l’œuvre anarchiste, elle est d'ailleurs joyeusement punk, mais le message est bien plus subtil que cela. La majorité des protagonistes trouveront leur apaisement dans l'accomplissement de rêves simples. Évidemment, seul contre tous, roi des parias, roi des humains, Gary King continuera à vivre comme un personnage de fiction, héros d'un univers enfin à sa mesure. The World's End est drôle et triste, joliment stupide, imparfait et fragile. A notre image.

     


     

    Monstres Academy

    de Dan Scanlon

     

    Offrir une suite (en forme de vraie-fausse « préquelle ») à l'un des meilleurs films du studio n'est pas une chose inédite pour Pixar. Après tout, une grande partie du public s'est inclinée devant le talent de Toy Story 2. Pas de quoi s'inquiéter donc et le défi est relevé avec le brio habituel. Sans être au niveau de Monstres & cie (qui demeure l'un des plus grands films d'animation du 7e art), ceMonstres Academy ne cesse de s'en approcher. Certes, l'effet de surprise n'est plus là, c'est nettement moins hilarant et la construction dramatique demeure classique. Cependant les principaux éléments sont bien présents et traités avec toujours la même justesse. Car si le personnage de Boo était évidemment une des clefs de la réussite du premier opus, c'est bien l'amitié entre les deux monstres qui a toujours été l'épine dorsale de l'histoire.

    Ici il est question de la naissance de cette camaraderie, mais c'est davantage une ode à Mike Wazowski. Le petit cyclope vert qui incarne tous les archétypes de « l'underdog », ce perdant attachant qui finit, par son obstination, par triompher des obstacles. Tous les clichés sont au rendez-vous mais transcendés par la subtilité propre à Pixar, qui sait si bien rendre ses œuvres intemporelles. Tout aussi habile, le style visuel cartoon, qui débute dans la droite lignée du premier film, avant d'étaler les avancées technologiques sans jamais rien perdre de son charme. Les concepteurs en profitent aussi pour faire une démonstration de force lorsqu'il s'agit de décrire le monde « réel » avec un réalisme atmosphérique. 

    C'est également, de toute évidence, un film de campus, ancré dans la culture américaine et il fait ainsi partie des Pixar les moins immédiatement universels. Pourtant il ne faut pas bien longtemps pour y retrouver le soucis du détail, le rythme comique imparable, la bienveillance omniprésente qui rendent les œuvres du studio toujours aussi uniques en leur genre. L'amitié, la réalisation des rêves, le temps qui passe, trois thèmes pour résumer la quasi intégralité du travail de Pixar. Monstres Academy ne dévie pas de ces obsessions et les transforme en une sorte d'idéal de récit « scolaire ». C'est drôle, fin et intelligent. Après le novateur et encore plus remarquable Rebelle, Pixar prouve une nouvelle fois que le studio à la lampe domine l'industrie du divertissement de la tête et des épaules.

     


     

    Star Trek Into Darkness

    de J.J. Abrams

    Genre lyrique par excellence de la science-fiction cinématographique, le Space Opera n'est malheureusement pas si fréquent. Car cela coûte cher de faire virevolter des vaisseaux ou des corps dans l'espace et le public n'a plus la même avidité de chorégraphies stellaires que du temps de Star Wars. C'est d'ailleurs grâce au succès de la première trilogie de George Lucas que la série Star Trek avait été ressuscitée, d'abord sur grand écran, puis sur le petit. C'est cette période-là qui fit sortir de l'oubli la version télévisée des année 60, gentiment kitsch mais riche d'un univers potentiellement passionnant. Depuis, Star Trek est venu concurrencer Star Wars dans une guerre fratricide qui ne connaîtra probablement jamais de fin. S'il est difficile de nier que la première trilogie Star Wars domine de la tête et des épaules les films de la série classique de Star Trek, c'est à présent le contraire qui a lieu, tant ce rajeunissement de l'équipage de l'Enterprise efface sans mal la deuxième trilogie de Lucas. Savoir que J.J. Abrams va prendre les rênes de Star Wars est d'autant plus savoureux et on n'est pas trop inquiet du résultat s'il met autant de cœur à cet ouvrage. En ce sens, le rachat de la franchise par Disney ne cesse d'être une réjouissante nouvelle.

    En attendant, Kirk et Spock assurent l'intérim avec un tel brio qu'on en vient à oublier Han Solo et sa clique. Revanche tardive mais méritée, d'une saga trop longtemps associé aux pires travers des geeks (élitisme, ridicule, beaucoup de bruit pour pas grand-chose). Depuis le redémarrage aussi malin que spectaculaire effectué en 2009, Star Trek est devenu accessible et attachant. Le résultat d'une alchimie de blockbuster parfait où tout semble soigneusement réfléchi sans jamais rien perdre de sa fraîcheur. Star Trek Into Darkness retrouve en particulier le même sens du rythme que son prédécesseur, en démarrant très fort, en développant très vite et en finissant sur une apothéose qui donne l'impression d'aller au cinéma pour la première fois de sa vie. Quasi épuisant, le film explose en tout sens sans jamais se perdre pour autant. Derrière le spectacle, une caractérisation plus subtile qu'il n'y paraît se poursuit. Le cœur du film reposant sur le resserrement des liens d'amitié débuté dans l'opus précédent. Certes, on n'a pas le temps pour les grands monologues et une philosophie profonde, mais Star Trek n'est pasSolaris et ce n'est pas ce qu'on lui demande.

    On demande une bonne histoire, de bons personnages, de bons effets spéciaux et une grande évasion vers l'espace infini. A tous ces niveaux, Into Darkness ne déçoit jamais. Même lorsqu'il revient sur Terre, le film ne donne jamais le sentiment de céder à la banalité des blockbusters habituels. On n'est pas là pour casser des voitures ou se battre entre deux immeubles. Ce n'est pas une énième production Marvel ou Michael Bay. Le lyrisme évoqué au début de cette critique est omniprésent, ne serait-ce que par le formidable thème musical de Michael Giacchino, l'une des rares mélodies à avoir fait sa place dans l'histoire du 7e art des années 2000. Associé aux images iconiques d'Abrams, cela donne toujours des instants grandioses, très évocateurs. C'est du cinéma mythologique, avec ses archétypes et ses péripéties plus ou moins attendues, mais toujours traité avec le juste équilibre.

    Il suffit de découvrir le principal antagoniste, judicieusement incarné par Benedict Cumberbatch. On le sait depuis le début, mais l'interprète de Sherlock est né pour jouer les méchants. Il vole le film à chacune de ses apparitions. Il est un maillon essentiel dans cette relecture du second opus de la série cinématographique classique, La Colère de Khan. Miroir astucieux de ce qui reste pour beaucoup le meilleur film Star Trek, Into Darkness lui fait écho et l'améliore à presque tous les niveaux. Bien sûr, les fans reconnaîtront toutes les références, nombreuses. Quant aux autres, ils profiteront de la quintessence de cet univers. Comme avec la reprise de Doctor Who depuis 2005, les Star Trek de J.J. Abrams héritent de 50 années d'enrichissement, tout en y apportant les innovations nécessaires à l'époque. Respectueux du passé, mais aussi totalement lié à son temps, Star Trek Into Darkness est, on le répète, avant tout et surtout un divertissement, qui nous précipite à toute vitesse dans son monde et nous abandonne, deux heures plus tard, au bord de l'épuisement, mais ravis. On en redemande, et cela fait bien longtemps qu'un blockbuster n'avait pas paru aussi court. Puisse cette franchise vivre longtemps et prospérer.

     


     

    Le Monde Fantastique d'Oz

    de Sam Raimi

    Mettons tout de suite de côté le fait que cette « préquelle » soit mise en scène par Sam Raimi. Cela pourrait être Tartempion ou Martin Campbell derrière la caméra que ça ne changerait pas grand-chose. Il faudrait être un exégète du réalisateur d'Evil Dead et de Spider-Man pour repérer les quelques hommages à sa filmographie glissés ici et là. Pour le reste c'est du Disney violant les classiques, premier rejeton évident du triomphe d'Alice au Pays des Merveilles. Mais là où Tim Burton parvenait à faire surnager quelques incongruités intrigantes, Raimi ne fait que remplir le cahier des charges au fil d'un scénario patapouf qui enchaîne les péripéties prévisibles. Sur un faux rythme qui s'éternise quand il faudrait s'emballer et qui accélère quand on aimerait qu'il développe, les scènes attendues se succèdent sans créer la moindre empathie. Il faut dire qu'on aura rarement vu caractérisation aussi sommaire, même au sein d'un blockbuster familial. Il faut remonter à l'horrible trilogie du Monde de Narniapour s'approcher de ce fiasco.

     

    On pardonnera le visuel kitsch qui dégorge de couleurs numériques et qui font ressembler certains plans à des tests pour daltoniens. Après tout, le film de Victor Fleming était déjà une certaine apogée du kitsch cinématographique. Au même titre que l’œuvre de Raimi, l'originale avait été entièrement tournée en studio, avec la pointe des effets spéciaux (dangereux) de l'époque. Reste que c'était aussi une comédie musicale, et à part une tentative avortée de manière méprisante au 2/3 du métrage, et l'inévitable « tube » effroyable dans le générique de fin, aucune chanson à l'horizon de cet Oz 2013. Reste la tapisserie musicale de Danny Elfman, plutôt correcte, en tout cas à peu près au même niveau que celle d'Alice. La forme a coûté cher, ça se voit, et la 3D essaie de te sauter à la figure à la moindre occasion (c'est d'autant plus drôle en 2D).

     

    L'essentiel repose donc sur les personnages et les comédiens. Là, ça devient triste. N'ayant que très peu à défendre, chacun fait de son mieux. Sauf James Franco, avec sa bonne tête de camé perpétuel, qui semble n'en avoir rien à faire. Tout en pensant au gros chèque qui l'attend à la fin, il réfléchit sans doute à sa prochaine performance surréaliste au sein du plus improbable film indépendant du moment. C'est sans doute ce que se dit aussi Michelle Williams, même si le rôle de Glenda, la gentille sorcière du Sud, n'a jamais été conçu comme un monument de nuances. Cela aurait pu être bien mieux pour Mila Kunis et ses yeux qui font naturellement peur. Mais Theodora subit un traitement catastrophique, qui expédie toute forme d'évolution en deux temps trois mouvements. Quant à Rachel Weisz, elle assure le minimum syndical, tranquillement, gentiment, en attendant aussi la paye. Ceci dit, toute une génération de petits garçons va probablement connaître ses premiers émois devant ce défilé de sorcières toutes plus émoustillantes les unes que les autres. En ce sens Raimi mélange les deux designs prévus pour la sorcière de l'Ouest dans le film de Fleming. Belle comme la méchante reine de Blanche-Neige avant sa transformation, mais aussi laide comme une sorcière plus traditionnelle (c'est cette apparence là qui fut finalement retenue).

     

    Bref, à la sortie de la salle, votre petit frère saura sans doute s'il préfère les blondes ou les brunes, mais il ne retiendra sans doute pas beaucoup plus du film. Pour les petites filles, il reste de beaux costumes et un joli personnage de poupée de porcelaine, merveille d'effets spéciaux, auquel le scénario ne rend pas du tout justice. Encore. Deux très longues heures de vide, qui n'offrent même pas le divertissement léger et spectaculaire qu'on était en droit d'attendre. Comme si Disney se donnait la possibilité de créer d'autres suites situées avant le classique de Fleming, après tout c'est tout à fait envisageable. Une manière comme une autre de remplir le porte-monnaie sans avoir besoin de beaucoup d'imagination, en prenant juste la peine de créer quelques séquences qui pourront directement être adaptées en attractions pour Disneyland. Tout le contraire d'un certain Return to Oz, le très singulier film culte des années 80, qui dépasse en tout point ce regrettable ratage.

     

     


     

    Mama

    de Andres Muschietti

    Il faut bien l'avouer, sur le papier Mama n'a pas grand-chose pour donner envie. Tous les clichés sont là. Cela débute même dans la cabane abandonnée au fond des bois dont on ne saura jamais vraiment à quoi elle sert, à part à être la cabane qui fait peur au fond des bois et que les divers protagonistes n'auront de cesse de visiter qu'une fois la nuit tombée, en dépit parfois de toute continuité temporelle. Cela se poursuit avec les mômes à la fois dangers et victimes, de préférence au sein de la maison américaine typique, dont on se demande, de Poltergeist au navrant Insidious en passant par Amytiville, si ce n'est pas toujours la même depuis les années 70. Donc il y a un fantôme, triste et légèrement jaloux, qui a adopté deux petites filles perdues et qui cherche à les protéger. Ne vous inquiétez pas, ces révélations tiennent dans le premier quart d'heure du métrage. Ensuite il ne se passe quasiment plus rien et Mama ne fonctionne que sur une suite de scènes attendues et au déroulement mécanique. Parfois ça marche à peu près, parfois ça patine dans le vide, la faute aussi à quelques effets spéciaux pas très convaincants qui donnent une artificialité très numérique à un monstre pourtant conçu avec des techniques à l'ancienne.

    Bref, production Del Toro oblige, on se retrouve avec une sorte d'Echine du Diable sans éclat, taillé pour le public américain. Certes, les quelques incongruités s'avèrent intéressantes et on aime bien les gamins bizarres. Mais le film reste toujours à la surface et semble se retenir plus que de raison. Par ailleurs, Jessica Chastain, en héroïne rockeuse sur le retour, affiche un décolleté perturbant mais ne transcende jamais un rôle extrêmement limité. Seule la fin, qui rend tellement hommage à Tim Burton qu'elle flirte avec la parodie, se révèle vraiment réussie. On ne regrette donc pas d'avoir tenu jusque là, car, s'il n'est jamais passionnant, le film se laisse regarder, comme une petite série B qui abuse des « jump scares » pour essayer de maintenir l'attention du public. Pour le genre, c'est finalement assez correct, surtout si on compare avec des machins aussi ridicules que Paranormal Activity ou le Insidious cité plus haut. Mama ne vole pas bien haut mais réussit son crescendo et nous laisse sur une note plaisante.

     


     

    Samsara

    de Ron Fricke

    Si on connaît essentiellement Ron Fricke pour Baraka, son précédent documentaire mélancolique sans parole et en musique, il ne faut pas oublier qu’il fut d’abord le directeur de la photographie de Koyaanisqatsi de Godfrey Reggio. Une association lumineuse qui créa un genre à elle seule. Un principe de mise en perspective de l’humanité face à la nature, par la seule force des images. Au-delà du travail photographique, Koyaanisqatsiinventait un langage purement cinématographique où toutes les possibilités de sa grammaire y étaient exploitées. Accélérations, ralentis, plans fixes, zooms, mouvements d’appareils en tout genre, et même l’intervallomètre permettant de filmer sur de très longues durées le rythme du monde. Révolutionnaire, Koyaanisqatsi l’était aussi sur le fond, plus complexe qu’il n’y paraît, avec ses prophéties bercées par la musique de Philip Glass.Baraka reposait davantage sur un éblouissement, et même s’il y avait quelques scènes plus sombres, le mysticisme de Fricke s’avérait plus innocent que celui de Reggio.


    C’est pourquoi Samsara s’apparente à un Koyaanisqatsi 2.0 et non à une vraie suite de Baraka. 20 ans se sont écoulés depuis le précédent documentaire de Fricke, et 30 depuis l’œuvre fondatrice de Reggio. La technologie triomphe, les inégalités aussi. Résultat : le rapport s’est inversé. L’émerveillement est devenu minoritaire et c’est la description du monde contemporain qui forme l’essentiel de Samsara. Le message de Fricke est simple : peu importe la complexité des créations humaines, elles finiront détruites un jour ou l’autre. L’ombre de l’Apocalypse est présente : poussière tu étais, poussière tu redeviendras. Avec une certaine bienveillance cependant, tant on sent Fricke admiratif devant la spiritualité humaine, mais aussi avec un effroi de plus en plus palpable. Les séquences consacrées à l’alimentation industrielle, par exemple, sont édifiantes.


    Pas besoin de long discours, tout fait sens dans la simple représentation. Certes, le montage et la musique orientent l’interprétation, c’est aussi un récit, et Samsara avance ses conclusions avec évidence. Le final serre la gorge et rappelle que rien n’est éternel, que s’il y a de la grandeur dans la création, tout finira en désert.  Au fil de l’œuvre, l’humanité aura été souvent résumée sous forme de machines ou de mendiants, dessinant une classique métaphore de la condition contemporaine. La beauté des images transcende ce schéma familier, la très haute définition employée donnant l’impression de découvrir des plans jamais vus auparavant et surtout des couleurs qui n’existaient pas. D’un simple point de vue technique, Samsaraest un événement en soi.


    Le sentiment de redite par rapport aux œuvres précédentes est parfois présent, surtout quand Fricke reprend des scènes entières de Koyaanisqatsi. Mais ce bégaiement à plusieurs décennies d’intervalle est volontaire. Au fond rien n’a changé, l’Homme avance toujours, vers de multiples fins et autant de recommencements. Un jour il n’y aura plus que des déserts. En attendant, il faut en profiter pour s’extasier devant le sublime de notre univers.

     


     

    A La Merveille

    de Terrence Malick

    Que faire après avoir offert l’un des plus grands films de l’histoire du cinéma ? Au-delà du jugement artistique subjectif, impossible de nier que The Tree of Life est l’œuvre la plus personnelle et essentielle de Terrence Malick. Libéré de cette création écrasante, l’auteur se trouvait devant un choix radical : s’élancer vers une liberté nouvelle ou prendre sa retraite. A la surprise de certains, qui n’ont probablement rien compris à son travail, Malick a préféré la première option. A La Merveille arrive donc sur les écrans sans l’attente et l’aspect événementiel qui accompagnaient habituellement les apparitions du réalisateur. Moins ambitieux que The Tree of Life, moins ouvragé, plus réaliste, ce nouveau film est ancré sur Terre et  surtout dans le présent.


    C’est une Odyssée intime et minimale. L’histoire contée est très classique, familière. Un drame romantique archétypal. Un couple se forme, s’aime, vit ensemble, se sépare, se retrouve… Sur ce canevas usé, Terrence Malick crée un système symbolique et sensoriel, tout aussi radical que celui de son film précédent. Comme d’habitude, les scènes se construisent par fragments. Fragments d’images (une liberté absolue du cadre), fragments de sons (un travail complexe auquel a participé Daniel Lanois), fragments de sensations (silhouettes et petites perceptions).  Cette approche particulière de la narration peut perturber les habitudes des spectateurs. Chez certains la réponse est proche d’une lecture duUlysse de James Joyce. S’en suivent des réactions de rejet parfois très virulentes, allant de la moquerie à l’invective (rien n’est plus incongru que de voir des personnes, théoriquement saines d’esprit, insulter un écran de cinéma).


    La succession de scènes d’intimité, très proches des êtres, de leurs défauts physiques, permet de scruter les émois avec nuance. Chaque plan, chaque comportement, est une représentation des idées et des émotions. Chaque objet, chaque lumière, chaque action implique plusieurs interprétations. Le film réclame des efforts de compréhension de la part des spectateurs mais peut tout aussi bien être simplement ressenti. Les deux démarches parvenant souvent à des conclusions similaires. Se laisser porter c’est retrouver son propre vécu, parfois le plus intime, dans son évidence et son dépouillement. C’est un autre aspect des œuvres de Terrence Malick qui met quelquefois mal à l’aise les spectateurs peu enclins à se contempler dans un miroir sans les garde-fous des codes classiques de la fiction.


    C’est un film sur l’émerveillement et sur l’incertitude. Situé pour la première fois à notre époque, To The Wonder fait surgir des éléments de réalisme social d’actualité. Ces scènes forment un des moteurs du doute. L’amour s’exprime partout mais demeure insaisissable. Comme le Dieu qu’on ne cesse d’appeler sans réponse. Cette pureté n’est donc jamais à confondre avec de la naïveté. Une grande joie sera toujours suivie d’une tristesse encore plus grande. Sans cesse le désir s’oppose à la réalité. Entre douceur et cruauté, l’œuvre ne perd jamais espoir. En ce sens la fin s’avère, comme toujours, sublime. En forme d’illustration d’un état mental, elle montre l’héroïne tournant le dos à ce qui aurait pu être et entreprendre un travail de deuil, avant l’ascension vers la lumière et le soleil, jusqu’à la Merveille. Et le cheminement de l’amour de revenir à son point de départ pour recommencer. Un nouvel amour, une nouvelle histoire.


    A La Merveille n’est ni Le Nouveau Monde, ni The Tree of Life, il n’en demeure pas moins supérieur au reste de la production cinématographique. Terrence Malick domine son époque de la tête et des épaules.  Le film est à la fois expérimental et accessible ; à la fois poétique et philosophique, ménageant la contemplation et la réflexion. Un cinéma du cérébral et du ressenti, qui accompagne les pensées, les illustre et les guide vers une certaine transcendance. Chaque film du metteur en scène appelle des visionnages infinis et dépasse largement le cadre du divertissement. Les œuvres de Terrence Malick épousent au mieux le mouvement de l’existence, le rythme de la vie et semblent pouvoir ne jamais s’achever. Un univers de chaos apparent où au final rien n’est dû au hasard.

     


     

    Flight

    de Robert Zemeckis

    Ah ne vous méprenez pas, ici on aime Robert Zemeckis. Technicien hors pair, auteur de quelques uns des meilleurs divertissements populaires de l’ère des blockbusters, le réalisateur aura souvent été mésestimé, seulement considéré dans l’ombre du mentor Steven Spielberg. Certes, Zemeckis doit beaucoup à Spielberg et pour ceux qui ne jurent que par le concept « d’auteur », il y a peu d’aspérités dans sa filmographie. A part peut-être une tendance au puritanisme et au politiquement correct. Avec de l’iconoclasme. Dans ses meilleurs moments, Zemeckis sait secouer ses bonnes pensées pour y instiller des incongruités pas du tout appropriées pour le grand public. Cela donne Roger Rabbit (certainement son chef-d’œuvre), mais aussi Retour Vers le FuturBeowulf, la majeure partie de l’attachant Forrest Gump, etc. La liste de ses réussites est longue.


    Flight est plus problématique. Très sérieux dans son propos, le film ne dévie de sa trajectoire que pour des touches d’humour de très mauvais goût. Exemple principal avec le personnage incarné par un John Goodman en roue libre. L’alcool c’est mal, mais la coke c’est drôle. De l’humour noir ? Un laisser-aller total face à la pesanteur du reste de l’histoire ? On ne sait pas trop tant ces moments désarçonnent. Pour le reste, le talent formel de Zemeckis n’est pas à blâmer, c’est magnifiquement mis en scène, même si on soupçonne bien vite que l’intérêt de l’auteur pour ce scénario ne reposait que sur la possibilité de filmer une nouvelle scène de crash aérien impressionnante. La suite repose avant tout sur la performance de Denzel Washington, parfait dans le rôle du gars qui veut un deuxième Oscar mais qui n’a aucune chance face à Daniel Day Lewis.


    Le problème c’est que, malgré ses instants de folie (le crash, Goodman, Denzel Washington en chouette salaud), Flight ne cesse de revenir dans les filets du gros téléfilm à thèse. Oh mon Dieu, l’alcool et le mensonge c’est mal ! C’est même pire que la drogue ! C’est terrible ! L’antihéros se fâche même avec sa famille ! Avec son fils ! Oh mon Dieu quelle horreur ! Heureusement, à la dernière minute, et comme prévu depuis la première scène, le vilain bonhomme se repentira, sera bien puni et tout rentrera dans l’ordre, parce qu’au fond il a bon cœur. C’est édifiant au-delà du raisonnable et même du rationnel. Et d’une pesanteur effroyable, que Zemeckis et Washington parviennent à peine à rendre regardable. Grâce à eux,Flight n’est pas si raté, mais la sensation qu’il laisse penche surtout vers le désagréable.

     


     

    Argo

    de Ben Affleck

    Bon, à l’heure où j’écris ces lignes Argo est largement le favori à l’obtention de l’Oscar du meilleur film lors de la prochaine cérémonie des bonshommes dorés. Après avoir remporté des Golden Globes et autres reconnaissances critiques plus ou moins obscures, le troisième opus de Ben Affleck en tant que réalisateur a déjà brillamment rempli son contrat. Le comédien conspué de Daredevilet de Pearl Harbor, le comparse catastrophique de Jennifer Lopez, qui cherchait à toute force à s’acheter une crédibilité artistique derrière la caméra, a réussi son pari. Il faut dire qu’il a sorti le grand jeu. Le thriller politique 70’s avec reconstitution parfaite, sujet fort et suspens consistant. En prime, le dynamisme et l’humour qui font défaut au Zero Dark Thirty de Kathryn Bigelow. Ici pas de polémique, c’est du propre, du carré, et la propagande de la CIA ne prend même pas la peine d’avancer masquée.


    Là où Zero Dark Thirty et son sérieux papal tendaient à transformer le propos en calvaire, Argo joue la carte du divertissement pur. C’est donc avant tout une course contre la montre, souvent cocasse, parfois angoissante, avec tous les rebondissements d’usage jusqu’à la dernière minute. En plus on en profite pour en remettre un petit coup dans les dents de l’Iran des Ayatollahs, c’est donc du travail à l’américaine rondement mené. La preuve, il y a même John Goodman. Et tout un casting aux petits oignons, où le moindre second rôle possède le visage Bryan Cranston. Ne jouons pas la mauvaise foi juste pour la forme, Argo est très amusant et relativement prenant,  il est donc aisé de se faire balader pendant deux heures. De là à y voir le chef-d’œuvre de l’année, il y a un monde, mais les Oscar sont les chantres du conformisme et il est rare de les voir ruer dans les brancards (il faudrait remonter àMacadam Cowboy, probablement). Un bon film suffit au consensus mais une surprise est toujours possible, surtout si elle est soutenue par Harvey Weinstein

     


     

    Cloud Atlas

    de Andy et Lana Wachowski et Tom Tykwer

    Ecoutez, écoutez les clameurs autour de vous. Peut-être y participez-vous. Ecoutez… « Ohlala, les blockbusters ça vole pas bien haut, hein », « ohlala, c’est juste du bruit et des effets spéciaux », « ohlala, c’est du divertissement mais c’est quand même très mauvais », « ohlala, on dirait un téléfilm ». Oui, le cinéma ne ressemble parfois plus beaucoup à du cinéma. Ou du moins on nous apprend à nous contenter de peu. Mais, et c’est là le paradoxe qui nous intéresse aujourd’hui, dès qu’une anomalie émerge, elle est battue par la foule en colère encore plus sûrement que le dernier des spectacles décérébrés.


    Voilà, posons les cartes sur la table. Cloud Atlas, le nouveau bébé conjoint des frères Wachowski et de Tom Tykwer descend de la lignée des œuvres maudites car différentes. Si je vous cite The Fall,Southland TalesThe Fountain, vous pensez : « ah beurk beurk beurk, pouah pouah pouah », vous pouvez arrêter là, le prochain film Marvel sort dans peu de temps. Pour les autres, poursuivons notre investigation avec des faits et rien que des faits : une coproduction majoritairement américano-germanique où presque tous les pays européens ont apporté leur obole (sauf la France, hein, bien sûr). 100 millions de dollars de budget, pour un bide intergalactique aux USA (mais le film se remboursera de justesse à l’international). Des acteurs joyeusement has been qui étaient les préférés de votre petite sœur il y a quinze ans (Tom Hanks, Hugh Grant, Halle Berry, Susan Sarandon). Un festival de maquillages tous plus voyants les uns que les autres (ne vous inquiétez pas, c’est fait exprès). Et pas moins de six films en un sur presque trois heures, imbriqués les uns dans les autres à toute vitesse. Autant de raisons de s’enthousiasmer, de s’inquiéter et, pour la majorité, de vouerCloud Atlas au rayon des nanars.


    Forcément, il s’agit d’une des œuvres les plus ambitieuses de l’histoire du cinéma, ou du moins du cinéma de divertissement, car les Wachowski poursuivent leur carrière en artisans passionnés, qui estiment que le cinéma peut autant amuser qu’émouvoir, et qu’on peut mêler action spectaculaire et mélodrame philosophique sans honte. Naïf, lacrymal, exagérément romantique, gaillardement revendicatif, passant de la poésie pure au mauvais goût en une seconde, Cloud Atlas s’avère monumental, sincère et désarmant. Fini les errances post-adolescentes et les influences mal digérées de la trilogie Matrix. Les Wachowski offrent ici un remake mille fois plus réussis de l’ensemble des trois films, en une seule histoire. Et il y en a cinq autres. Drame historique maritime, pamphlet anti esclavage (décidément la grande tendance de ce début d’année), romance musicale, thriller 70’s dans les rues de San Francisco, comédie pure, SF clinquante, post-apocalyptique trash, il y a tout cela dans Cloud Atlas et bien davantage.


    Dans le mal-aimé Speed Racer, les Wachowski avaient tout donné dans l’expérimentation formelle, ici il s’agit davantage de torturer la narration. C’est en ce sens que Cloud Atlas se rapproche de The Fall (et son rapport conte/réalité), The Fountain (la narration métaphorique) et Southland Tales (la déconstruction par le prisme des symboles et codes de communications actuels). Les Wachowski font preuve de davantage de simplicité que les trois œuvres citées, ce qui correspond d’ailleurs à leur propos. On est là pour écouter une histoire, six histoires liées avec plus ou moins d’évidence, mais qui mènent à un final classique et touchant. Avec toujours la perspective que chaque récit contient un fragment de tous les autres, que tout a déjà été conté mais que cela importe peu du moment qu’on le fait avec du cœur.


    De cœur, Cloud Atlas en déborde, de manière exaltante. Les Wachowski n’ont plus besoin de se dissimuler derrière Baudrillard, Platon, Descartes et tout le Gradus Philosophique. Ce sont des auteurs libérés, qui ne souffrent plus d’un complexe d’infériorité, ils font du divertissement et s’en amusent autant que le spectateur. Les références pleuvent encore, essentiellement à l’histoire du cinéma, mais elles glissent comme autant de clins d’œil. L’important c’est d’enchaîner les sentiments, les sensations. En cela, Cloud Atlasressemble beaucoup à Holy Motors, mais en nettement plus réussi, en moins cynique, en moins morbide, en moins poseur. Les histoires ne sont pas seulement effleurées, elles sont ici pleinement développées et l’hommage au 7e art n’en est que plus convaincant.


    Infiniment libre, Cloud Atlas peut tout se permettre, en particulier ce que la censure américaine redoute en matière de violence ou de nudité. Le film n’est pas calculé en vue d’une tranche d’âge particulière, en vue d’un chiffre au box-office. Il existe en lui-même et pour lui-même, sans se poser la question de ce qui est convenable ou non, de ce qui plaira ou non aux critiques (une nouvelle fois directement malmenés dans un élan libérateur qui appelle le bâton pour se faire battre). Des œuvres de ce calibre sont rares, souvent conspuées, mais elles appellent au vrai sens du « film culte ». Cloud Atlas contient sa propre critique : peu de gens le verront, peu de gens l’aimeront, mais même si un seul est convaincu c’est suffisant. Dans quelques décennies, il est fort probable qu’on se souviendra davantage de ce film que de celui qui remportera les Oscars, les César, qui aura été le plus grand succès de l’année. Une délicieuse anomalie, oui, le virus dans le programme, l’étrangeté qui secoue les habitudes, l’intrus dans la soirée parfaitement organisée. Pourtant, juste un récit, juste un film, juste un divertissement, juste du cinéma, rien que du cinéma.

     


     

    Lincoln

    de Steven Spielberg

    Attention, biopic procédural académique de 2h30. Sujet édifiant : l’abolition de l’esclavage aux USA. Personnage intouchable : Abraham Lincoln. Derrière la caméra : Steven Spielberg. Devant : Daniel Day Lewis. Sur le papier c’est du Panzer. Le truc pour les sorties scolaire, la terreur des classes de Seconde, le passage obligé, le film qui vient aux Oscars comme une formalité. Pourtant, par-delà sa reconstitution impeccable et son classicisme absolu, Lincoln est tout sauf poussiéreux. C’est une œuvre exaltante et vivante, qui ne montre quasiment que des vieux birbes s’ébrouant dans les coulisses de la politique avant de s’élancer dans des débats publics aux résonnances on ne peut plus contemporaines. C’est Spielberg se souvenant de Capra, en moins audacieux, certes, mais en tout aussi prenant. Quitte à se jouer de la réalité historique et en rajoutant sur l’humour, pour mieux appâter le spectateur récalcitrant.


    On ne remettra pas une couche sur la perfection formelle de l’œuvre, de la musique de John Williams à la photographie de Janusz Kaminski, tout le monde joue sa partition sans faute. On soulignera, car il le faut bien, la justesse de Daniel Day Lewis, épatant et quasi sobre (enfin, sur l’échelle habituelle du comédien), qui laisse largement de la place aux seconds rôles prestigieux. Ils sont d’ailleurs presque aussi nombreux que dans un Tarantino, le moindre sous-fifre ayant le visage de James Spader,  de John Hawkes ou de Jackie Earle Haley. Mieux encore, Spielberg et Lewis offre à Tommy Lee Jones les scènes les plus émouvantes. Oui, c’est un film sur Lincoln, enfin sur un mois de son existence, mais c’est surtout un récit politique, stratégique, au suspens indéniable, qui dévoile a minima comment la grande histoire se construit souvent sur de petits riens.


    Évidement, de la première à la dernière scène c’est une œuvre de Steven Spielberg, où tous ses motifs habituels se dessinent, parfois de manière discrète (le regard de l’enfant sur les drames adultes) et parfois omniprésente (l’égalité absolue entre les humains). C’est un film que le réalisateur cherchait à réussir depuis bien longtemps, celui qu’il avait effleuré avec La Couleur Pourpre et complètement raté avec Amistad. Pour l’auteur ce n’est probablement pas un accomplissement aussi personnel et important que La Liste de Schindler, c’est néanmoins une entrée essentielle au sein de sa filmographie. Incontournable.

     


     

    Django Unchained

    de Quentin Tarantino

    Seul un film de Tarantino peut procurer le plaisir d’un film de Tarantino. Depuis son chef-d’œuvre, Kill Bill, le bonhomme s’était un peu perdu en route, réussissant à moitié des opus ambitieux mais maladroits (Boulevard de la Mort et Inglourious Basterds). On croyait avoir perdu le sale gosse de Pulp Fiction au profit d’un Auteur trop content de faire la une des Cahiers du Cinéma avec son moindre éternuement. De l’expérience Basterds, le réalisateur a retenu le jeu avec la réalité historique mais ici elle ne vient jamais écraser la série B qui domine. Encore un récit de vengeance, bien sûr, après tout Tarantino ne sait faire que cela, encore un western, il ne sait faire que ça aussi, même si pour la première fois le genre avance à visage découvert. En ce sens Django Unchained a quelque chose de l’œuvre somme, celle qui sommeillait depuis Reservoir Dogs. Mais en plus humble qu’Inglourious Basterds, en modèle réduit, à l’image du dîner dans la plantation de l’affreux monsieur Candie. Un terrible suspens, deux fois plus long que la séquence de l’auberge, moment-clef du film précédent, avec résolution sanglante cent fois plus spectaculaire.


    Tout ce que fait Tarantino a des allures de best of, c’est un cinéma du trop-plein, qui fourmille de détails, de répliques, d’émotions. C’est aussi un cinéma profondément immature et cathartique, qui s’autorise tout ce qu’il ne faut pas faire, en dépit de toute politesse et sans notion du bon ou du mauvais goût. Tarantino descend logiquement du même arbre que Sergio Leone, mais aussi, probablement, de la même montagne que Fellini, avec les obsessions et les fantasmes, les clins d’œil et la complaisance. Entrer dans la danse et accepter les règles c’est atteindre une extase cinématographique unique, rester sur le palier, simple spectateur, c’est s’exposer à une exaspération grandissante ou à un ennui à couper au couteau.


    C’est très enfantin, comme jouer aux cowboys et aux indiens, enfin, ici, aux maîtres et aux esclaves. Mais avec, derrière ce fun omniprésent, une vraie intelligence qui ne cesse de vouloir s’effacer au profit du gag ou du bon mot. Pour exemple, le vrai méchant de l’histoire n’est pas celui qu’on croit, ce qui permet à l’acteur fétiche du réalisateur de délivrer l’une de ses meilleures, si ce n’est la meilleure, de ses performances. Si c’est probablement la plus grande surprise de Django Unchained, l’avalanche de stars invitées et d’apparitions fera la joie des cinéphiles de tout niveau. Ce serait criminel d’en faire la liste, comme il est criminel d’entrer dans les détails de l’histoire. Tout ce qui fait le génie du réalisateur est ici présent. La mise en scène s’est assagie, enfin, un petit peu, pour mieux laisser place aux personnages et à la dramaturgie. Ce n’est pas l’alchimie parfaite de Kill Bill, mais on en est proche, très proche.


    On pourra théoriser, bien sûr, autant qu’on le souhaitera, jusqu’à plus soif. Mais le film ne s’y prête que peu. Il y a des bons et des mauvais, de l’amitié, de l’amour, et des gunfights bien gores. C’est souvent hilarant et parfois insoutenable. Il y a des zooms et des dézooms, des choix musicaux attendus et d’autres parfaitement incongrus, de la country et du rap, du Ennio Morricone et des chansons amusantes. C’est du Tarantino, que voulez-vous ? On devrait avoir l’habitude, mais finalement ses films sont rares. Peut-être faudrait-il faire preuve d’un minimum d’esprit critique plutôt que de se réjouir grassement d’insultes fleuries ou d’explosions sanglantes. Oui, peut-être. Mais ce sera la note maximale. « Sorry, I couldn't resist. »

     


     

    Silver Linings Playbook

    de David O'Russell

    Renommé de manière absurde Happiness Therapy en France, Silver Linings Playbook ne va pas révolutionner le monde de la comédie romantique, mais il en propose une variation aussi classique dans ses grandes lignes que charmante dans ses détails. Avec plus ou moins de succès David O’Russell (Les Rois du DésertI Heart Huckabees) aime à investir des schémas classiques pour leur redonner du lustre. Rien de bien transcendant a priori ici : deux maniaco-dépressifs vont se trouver au fil de deux heures de quête existentielle faite de hauts et de bas. Une touche de drame familial pour le bon dosage et plein de jolies paroles sur l’amour, l’amitié, la filiation, le courage dans toutes les situations de la vie, enfin, le cahier des charges bien rempli. Des comme ça, il en sort toutes les semaines. La différence, bien sûr, est dans l’exécution.


    Revenu à davantage de sobriété depuis The Fighter, Russell n’en fait pas trop derrière la caméra, malgré quelques plans sophistiqués et quelques morceaux de bravoure notables. Il trouve la tonalité juste, les excès des personnages ne semblent jamais agresser l’histoire plutôt que de la soutenir. En partant de très loin, le récit devient rapidement attachant. Ne le cachons pas, l’essentiel du succès de Silver Linings Playbook réside dans ses interprètes. Deux surprises : l’excellence de Bradley Cooper qu’on n’imaginait pas aussi bon et le grand retour d’un Robert De Niro qui flirte avec le cabotinage mais toujours au service de son rôle. Evidemment, le principal attrait c’est Jennifer Lawrence dont je ne cesse de vous répéter depuis quelques années qu’elle est la meilleure actrice de sa génération, que ce soit dans les grands films comme dans le tout-venant. Elle dévore l’écran de sa présence et installe confortablement son statut de star, à la fois en tant que beauté irrésistible et en tant qu’actrice n’ayant pas froid aux yeux. Non,Silver Linings Playbook ne va pas changer l’histoire du cinéma, mais au sein d’un genre plus que sinistré, et même ravagé par la médiocrité des deux côtés de l’Atlantique, il s’agit d’une réussite incontestable.

     


     

    Zero Dark Thirty

    de Kathryn Bigelow

    Qu’est-ce que l’académisme ? Ce qui plaît à l’académie (des Oscars dans le cas présent) ? Probablement. Zero Dark Thirty est taillé dans le marbre de l’académisme. Sujet fort au sein d’un genre respectable, performance d’une actrice ou d’un acteur qui fait cavalier seul, mise en scène impeccable et sans risque. Edifiant et didactique, le film de Kathryn Bigelow avance mécaniquement sur un faux rythme, on commence avec la « question de la torture », puis la question des « attentats terroristes », puis la « question des guerres internes à la CIA », puis « la traque palpitante » et enfin le moment que vous attendiez tous : « l’assaut en temps réel ». Ouf, il se mérite. C’est du cinéma puissant mais laborieux, qui hésite tout le temps entre retenu et explosion. La mise en scène n’a aucun éclat et Jessica Chastain joue la transparence, c’est la partie retenue. Mais c’est Kathryn Bigelow, miss Point Break et Strange Days, on ne se refait pas. Donc il y a des scènes de suspens à couper au couteau, comme dans Démineurs. Mais avec l’excuse de l’Histoire.


    Cessons-là les billevesées, Zero Dark Thirty est un bon film. Un thriller politique, plutôt à l’ancienne, Hollywood nous en sort tous les ans, ils font trois petits tours aux Oscars et puis s’en vont. Celui-ci fait partie du haut du panier. Parce que la réalisatrice accomplit son devoir proprement, avec une certaine objectivité au-delà de la propagande de la CIA. Par instant on entrevoit quelque chose, un éclair, un truc, peut-être un peu d’humanité, au fond, là, dans le regard de Jessica Chastain. C’est bref, car voilà les Navy Seals qui passent à l’attaque, dans une séquence froide comme la mort, tranchante comme une baïonnette. Ce n’est pas un film fun, ce n’est pas un film de guerre où on joue à la guerre. C’est presque la réalité, et en même temps tout semble faux. C’est du cinéma, du bon cinéma à défaut d’être du grand cinéma. Arrive la dernière scène, on ne sait pas très bien si les gentils ont gagné, d’ailleurs personne ne gagne jamais dans ces guerres là, mais Jessica est soulagée et nous aussi. La cloche a sonné, le cours magistral est terminé.

     


     

    Le Monde de Charlie

    de Stephen Chbosky

    Ne cherchez pas à comprendre si vous ne comprenez pas. Vous voyez, c’est un "teen movie", un film d’adolescents. C’est prévisible, classique, sans génie particulier ni dans l’histoire, ni dans la mise en scène. Encore un film d’ados, quoi. On commence à regarder cela d’un œil un peu fatigué, mais sans haine particulière. C’est mignon. Rapidement, il y a un truc. Le film se met à nous parler. A nous tutoyer même. Par fragments, puis par scènes entières, soudain c’est de nous qu’il s’agit. Mince alors. On a fait ça, on a vécu ça, on a, bien sûr, écouté ça en boucle. Zut alors. On a fait des mixtapes avec ces chansons-là. On a longtemps désiré vivre dans le Rocky Horror Picture Show. Bon, tout n’est pas nous, notre vie n’est pas si pleine de traumatismes et de mélodrames en tout genre. C’est une fiction, heureusement. Mais ça, et ça aussi, là, c’est nous. Mais comme dans un conte, vous savez, un truc impossible. On aurait bien voulu que la première fille qu’on ait embrassée soit Hermione Granger. Non, hein, en Seconde on n’a pas emballé Emma Watson, ni son sosie d’antan. Peu importe, c’est la réalité par le prisme du cinéma.

    Et donc ? Et donc c’est merveilleux, absolument merveilleux. Pas un grand film, attention, mais un film qui nous parle à nous, c’est presque gênant. Regardez, attendez, je fais la liste : XTC, Galaxie 500, David Bowie, New Order, L7, Sonic Youth, Dexys Midnight Runner, The Smiths, les Cocteau Twins… Oui, c’est probablement de la corruption de sens critique, ce n'est pas très honnête comme méthode. Peu importe, ce film, c’est une mixtape de rêves. La différence avec ton "teen movie jukebox" habituel va au-delà du choix des musiques. Elle se situe dans leur utilisation sensible, sensée, attachante. On ne devrait pas, hein, on a passé l’âge, ou plutôt, voilà, on a enfin l’âge pour ça. Alors on se souvient. On se souvient de ce qui a été et de ce qui aurait pu être. Et on est ému. C’est comme ça.

     


     

    The Master

    de Paul Thomas Anderson

    The Master est un peu le versant cérébral de l’épidermique Martha Marcy May Marlene. Deux approches complémentaires du mécanisme d’endoctrinement. Si le film de Sean Durkin évoquait surtout les conséquences, celui de Paul Thomas Anderson s’interroge sur les commencements. Création d’un mouvement sectaire (ici la Scientologie, jamais nommée mais souvent évoquée de manière détournée) et recrutement d’un sujet alpha. Sur le terrain de la plus grande détresse psychologique, la manipulation fait son nid. Les méthodes pseudo psychanalytiques de Ron Hubbard sont dépeintes lors d’intenses scènes promptes à secouer le spectateur.


    Mais le réalisateur, adepte des chemins de traverse, refuse le didactisme et la démonstration bête et méchante. Il préfère la complexité psychologique et la réflexion. Le manichéisme ne pointe que rarement le bout de son nez et si les caractères sont « bigger than life », ils se veulent avant tout humains. D’où l’insistance sur les détails, les petits vices, les grandes faiblesses, les éclats et les murmures. On retrouve ici le même sens du rythme, le même tangage entre retenu et explosion qui faisait la force de There Will Be Blood. Moins emphatique, moins puissant que cette œuvre qui reste le sommet de son auteur, The Master n’en demeure pas moins un achèvement remarquable.


    La complexité des thèmes abordés, la richesse psychologique des protagonistes, les nuances innombrables donnent à ce film austère des atours irrésistibles. On y vient d’abord pour la mise en scène toujours aussi magnifique et pour les hallucinantes performances des comédiens, mais on y revient pour les dialogues et les ellipses, pour les duels et les monologues, pour les non-dits. Ce cinéma, qui fit notamment les beaux jours du Nouvel Hollywood dans les années 1970, est aujourd’hui qualifié d’exigeant. Non. Ou plutôt oui, contrairement aux blockbusters pour adolescents et aux interminables explications façon Nolan, The Master ne se donne pas avec évidence. Comme Cosmopolis l’année dernière, ce n’est pas un divertissement devant lequel on pose son cerveau sur le siège d’à côté. C’est du vrai, du très grand cinéma intelligent et admirable.


    Aussi retords que généreux, le film ne cesse de défricher des pistes, de semer des symboles, d’offrir des interprétations possibles. Car l’âme n’est pas la fille d’une seule cause, personne ici ne pourra désigner un unique coupable. La faute à qui ? A quoi ? Au sexe ? A la mère ? Au père ? A l’alcool ? A la guerre ? A l’amitié ? A l’amour ? A la femme ? A l’homme ? Mais à tout cela en même temps, bien sûr ! Chaque pièce du puzzle vient garnir la fresque introspective. La fin ne répondra certainement pas aux questions ; elle en pose, au contraire, bien davantage. On reviendra vers The Master, nouvelle apogée peu aimable, et pourtant incontournable, de la carrière de Paul Thomas Anderson. Le réalisateur ne cesse d’affiner et d’affirmer son cinéma, repoussant à chaque nouvel opus ses propres limites et celles de ses spectateurs. Oui, The Master est moins facile à adorer que There Will Be Blood, mais il en tutoie l’immensité.

     


     

    L'Odyssée de Pi

    de Ang Lee

    Évacuons tout de suite l’habituel sujet qui fâche : non, L’Odyssée de Pi ne vaut pas le roman, il en est à la fois très proche tout en en coupant bon nombre d’éléments essentiels. Moins viscéral, moins poignant, le film d’Ang Lee propose une illustration familiale d’une imposante splendeur visuelle et qui préserve l’âme du livre sans toutefois pleinement la saisir. Ne vous inquiétez pas, quel que soit le quai par lequel vous prendrez la mer, par le papier ou par l’image, les deux voyages sont complémentaires. Ne méprisez ni l’un, ni l’autre, au-delà du message édifiant, L’Odyssée de Pi est une œuvre impressionnante et attendrissante. C’est aussi, désormais, un étonnant film de Noël.


    Car il y a quelque chose de l’esprit des Fêtes dans ce film. Bien sûr, dans le visuel, très chargé, entre Bollywood et Peter Jackson. La 3D s’avère une vraie réussite et entre dans le faible nombre des œuvres qui justifient la technique. Bref, on en prend plein les yeux. Certains trouveront cette débauche excessive, elle colle parfaitement à la magie du récit. C’est un conte, cruel, déchirant et exaltant. On ne demande ni vraisemblance, ni grande subtilité, on vient pour l’émerveillement.


    En ce sens, impossible d’être déçu, les deux heures filent en un clin d’œil, même en ayant déjà lu le roman. Probablement parce qu’Ang Lee a toujours été un excellent illustrateur auquel il manquait parfois un peu de cœur. Dans ce récit, il y a de l’émotion en abondance, des surprises et des frayeurs. C’est une montagne russe en huis-clos océanique, une apothéose du divertissement familial. A ce juste dosage entre kitsch et beauté, entre bons sentiments et âpreté, entre grande aventure et philosophie intime, on reconnaît un vrai film de Noël. L’Odyssée de Pi mérite de faire partie de cette élite et d’être partagé avec tous ceux qui nous sont chers.

     


     

    Bernie

    de Richard Linklater

    Dans la grande famille des réalisateurs contemporains généralement respectés mais globalement sous estimés, Richard Linklater mérite une place de choix. On le connaît surtout dans nos contrées pour ses deux comédies romantiques atypiques et très réussies, Before Sunrise et Before Sunset, dont le troisième volet sort d’ailleurs cette année. Mais sa filmographie est parsemée d’œuvres plus ou moins intéressantes mais qui valent généralement le détour ne serait-ce que pour un sens frappant de la mise en scène et surtout un vrai génie dans la direction d’acteurs. Nouvelle preuve avec Bernie qui tire le meilleur de comédiens plutôt réputés pour leur cabotinage effréné.


    Du cabotinage, il y en a, mais au service d’une reconstitution où les protagonistes réels s’avèrent tout aussi excessifs que leur double à l’écran. A partir d’un fait divers relativement banal, Linklater tire un portrait aigre-doux d’une petite ville du Texas. On attend la caricature habituelle, les clichés plein de santiags et d’accents à couper aux couteaux, l’histoire se révèle bien plus subtile que cela. Sans rien dévoiler, difficile d’en expliquer toute la saveur, mais ce faux documentaire très documenté mêle objectivité et exagération sans jamais verser totalement dans la satire.


    C’est souvent drôle, souvent cruel, plutôt délicat. On remerciera encore le réalisateur d’avoir su tirer le meilleur de Jack Black en demi-ton, de Shirley MacLaine en vieille peau acariâtre et de Matthew McConaughey qui continue à se tailler une filmographie des plus intrigantes. Rien que pour les interprètes, Bernie est à voir. C’est une œuvre étrange, comme l’auteur aime les peindre, en faisant fi des codes d’un genre précis et en profitant d’une liberté quasi-totale. Ne passez pas à côté.

     

     
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  • 38E FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM DE TORONTO

    Un film sur WikiLeaks en ouverture

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    L'un des plus prestigieux festivals de cinéma au mondeL'un des plus prestigieux festivals de cinéma au monde

    Réalisé par Bill Condon, ce thriller s'inspire du livre écrit par Daniel Domscheit-Berg, ex-porte-parole de WikiLeaks.

    Le plus important Festival de cinéma d'Amérique du Nord s'ouvre jeudi à Toronto avec la première mondiale du film Le cinquième pouvoir (The Fifth Estate), un film sur la genèse du site Wikileaks. Réalisé par Bill Condon, ce thriller s'inspire du livre écrit par Daniel Domscheit-Berg, ex-porte-parole de Wikileaks et ancien bras droit de M.Assange, et retrace le parcours du fondateur Julian Assange et ce qui l'a conduit en 2010 à la divulgation sans précédent de milliers d'informations sensibles. Cette première mondiale aura lieu seulement quelques semaines après la condamnation à 35 ans de prison de Bradley Manning, coupable d'avoir transmis quelque 700.000 documents officiels américains - notes militaires et câbles diplomatiques - à Wikileaks qui les publiera ensuite, créant un scandale diplomatique. «Ce n'est pas commun pour un long métrage, surtout un long métrage d'Hollywood, de se pencher sur une histoire aussi présente dans l'actualité», a expliqué, à l'AFP, le président du Festival du film de Toronto (Tiff) Cameron Bailey. «Ce sera donc intéressant à voir.»
    «Parfois les informations rapportées sur le vif ne vous donnent pas toute l'histoire», ajoute-t-il, estimant que «ce film offre une, ou plusieurs, manières de comprendre Julian Assange et Wikileaks (car) il essaie de permettre au public de saisir tous les éléments en jeu». Selon M.Bailey, le film d'ouverture du Tiff - un festival sans compétition - «n'encourage pas à aimer ou à haïr Assange». Le fondateur de Wikileaks, aujourd'hui réfugié dans l'ambassade équatorienne de Londres, «n'est ni un héros ni un méchant, c'est une personne complexe et le film expose cette complexité». En tout, 366 films, dont 146 premières mondiales, seront présentés au Tiff qui se déroule du 5 au 15 septembre dans la capitale économique canadienne. Bien que dépourvu de compétition, le Festival de Toronto est très couru par les réalisateurs et les acteurs, car il est perçu comme un bon baromètre de l'opinion nord-américaine. Sont notamment attendus cette année sur le tapis rouge: Meryl Streep, Colin Firth, Julia Roberts, Kate Winslet et Jennifer Aniston.
    Parmi les productions attendues, figure également Mandela: Long Walk to Freedom, une fresque sur la vie du père de l'Afrique du Sud moderne réalisée par Justin Chadwick. L'acteur britannique Idriss Elba a été choisi pour incarner Nelson Mandela dans ce film biographique qui «vous permet vraiment de ressentir les changements que cet homme a connus», selon M.Bailey.
    «Un simple récit des faits de la vie de Mandela ne procure pas autant d'émotions que ce film», souligne le patron du Tiff. De son côté, le cinéaste canadien Atom Egoyan présentera son dernier film Devil's Knot qui reprend l'histoire de Damien Echols, Jessie Misskelley Jr. et Jason Baldwin, trois frères reconnus coupables en 1994 des meurtres de trois garçons en Arkansas.
    La justice avait établi que les meurtres s'inscrivaient dans un rituel satanique... jusqu'à autoriser leur remise en liberté, 18 ans plus tard, après la présentation de nouvelles preuves. Plusieurs documentaires avaient déjà été réalisés sur cette affaire, dont West of Memphis de Amy Berg (présenté l'année dernière au Tiff), mais M.Egoyan est le premier cinéaste à s'y attaquer sous l'angle de la fiction.

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  • FIBDA

    Initiation à l'animation 3 D

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    Le Festival international de la bande dessinée d'Alger, Fibda, lance, du 18 août au 26 septembre 2013, une formation d'initiation en animation. Ce programme, alliant des enseignements spécifiques d'animation 3D, est destiné aux personnes créatives qui aiment le dessin bidimensionnel, l'animation tridimensionnelle, l'informatique, et qui ont le désir d'apprendre les techniques d'effets visuels, d'animation de personnage et d'objet 3D.
    Cette initiative du Fibda cible essentiellement des salariés dans des entreprises ou studios de production, ou encore des Freelancer, professionnels, des amateurs d'animation, des infographes 3D, des étudiants des beaux-arts, etc. La session durera cinq semaines et sera dirigée par Matoub Massinissa dont le profil est: réalisateur de films d'animations, producteur exécutif sur plusieurs projets d'animations internationaux, directeur d'animation et formateur dans le domaine de l'animation 3D. La formation sera focalisée sur plusieurs cours de base dont l'étude de l'anatomie et du comportement, des types d'animation, et des principes d'animation, la réalisation d'une séquence animée, le Keyframing, expressions et contraintes, l'animation faciale et labiale, et l'animation morphologique. Pour les personnes qui désirent participer, une adresse mail a été mise à leur disposition pour s'inscrire, et présenter leurs travaux 2D ou 3D (images ou vidéos): fibda2013@gmail.com.

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  • «LE MUSÉE DANS LA RUE»

    Formation à la photographie

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    Le public algérois est convié à participer à un atelier de formation à l'art photographique qui se tient depuis hier au niveau de différentes places publiques d'Alger, dont celle de la Grande-Poste, du Bardo et celle du musée de la miniature et de la calligraphie. Organisée par la commune d'Alger et initiée par divers musées de la capitale algérienne et de la ville de Médéa, dont le Musée national du Bardo, le Musée national des arts et traditions populaires de Médéa ou encore le Musée public national d'art moderne et contemporain d'Alger, cette initiative vise à sensibiliser et à inculquer aux citoyens la culture des musées et ce, par la mise en place d'ateliers de formation à l'art photographique, d'expositions de photographies et de documents relatifs aux différents musées de la capitale.
    Des chapiteaux, visant à vulgariser les différentes structures muséales ont, eux aussi, été installés. Intitulée
    «Le Musée dans la rue», cette manifestation culturelle unique en son genre se poursuivra jusqu'au vendredi 6 septembre. Amoureux de l'art photographique, soyez au rendez-vous.

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