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    Projection de Chroniques

     

    de la guerre d’Algérie

     

    à la cinémathèque d’Alger :

     

    Témoignages et opinions

    L’idée de faire partager, du côté des deux rives de la Méditerranée, deux parties qui se sont affrontées dans la douleur et la violence de la guerre, en recueillant, près d’un demi-siècle après, la parole de quelques acteurs connus ou anonymes...

    PUBLIE LE : 11-12-2013 | 0:00
    D.R

    L’idée de faire partager, du côté des deux rives de la Méditerranée, deux parties qui se sont affrontées dans la douleur et la violence de la guerre, en recueillant, près d’un demi-siècle après, la parole de quelques acteurs connus ou anonymes, est en soi généreuse et porteuse d’une symbolique qui, par cette confrontation, suppose — même si l’initiative du réalisateur français reste personnelle — un témoignage aujourd’hui nécessaire, d’autant plus qu’il libère, après un refoulement volontaire, les consciences du poids d’un passé lourd qui laisse à ce jour des séquelles profondes.

    La projection, avant-hier, du film documentaire, de Bernard Andrieux, qui est une sorte de compilation de 50 DVD, par ailleurs offerte à la cinémathèque, a fait voyager les spectateurs en leur faisant partager les avis et les opinions parfois divergentes, à travers les témoignages de certains acteurs de la guerre de Libération, ou «guerre d’Algérie», selon que l’on se trouve dans un camp ou l’autre. L’allusion à cette différenciation terminologique était d’ailleurs établie dès les premières images. Le film qui fait défiler les récits par moments poignants de vérité et à d’autres moments excessifs ou subjectifs des différents intervenants, s’il procède d’une démarche méthodique par l’entremise d’archives de l’INA que nous avons découvertes à l’occasion, et ce en suivant le fil synchronique de l’histoire des sept années et demie depuis le déclenchement de la Révolution armée algérienne jusqu’à l’indépendance en commençant par la signature le 19 mars 1962 des accords d’Evian, tente par un subtil jeu de questions-réponses adressé aux protagonistes de l’histoire de faire une pointilleuse reconstitution des principaux faits relatant la guerre. À côté de cette reconstitution à travers une série d’images en noir et blanc mettant en exergue les épisodes les plus notoires de la guerre, se déroulent, devant nous, les petites histoires de chacun des participants tournées à l’extérieur ou dans des intérieurs feutrés des maisons, en Algérie ou en France. Ce sont toutes des images qui apparaissent entremêlées dans le film, ce qui suppose un éventuel effacement des propos antagonistes, ceux des femmes de la guérilla citadine ou infirmières dans les maquis, colonels de l’ALN, appelés, officiers de carrières, pieds-noirs ou tout simplement de ces françaises, des femmes au foyer natives d’Alger qui témoignent en répondant aux questions du réalisateur à visage découvert. Certains propos peuvent heurter la sensibilité de certains puisqu’ils nous plongent dans l’horreur et le sang, la torture et la destruction, mais ravivent surtout dans les esprits, les tensions vécues par les populations avec pour certains récits une parole qui dans ce terrible volcan de haine et ce déchainement d’une violence inqualifiable lorsque la guerre que menaient les militants du FLN commençait à gagner plus de terrain et que l’heure de la victoire sonnait le glas d’un colonialisme bête et méchant.
    Reste ce témoignage de cette pied-noire qui parle des derniers moments de la guerre lorsqu’avec ses parents, elle devait quitter le sol algérien. Une parole qui humanise un peu le discours dans une logique qui dépasse les clichés véhiculés sur ce que certains de l’autre côté appellent «la sale guerre», lorsque cette femme, dans une émotion à peine tue, raconte comment, avec sa famille, ils ont eu la vie sauve grâce à un combattant du FLN qui avait facilité son départ vers la France parce que simplement, dans cet instant d’exception, il s’était rappelé que la mère de cette dernière donnait à manger et à boire à un Algérien torturé par les parachutistes.
     Lynda Graba

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