Le 22 octobre 1956, Ben Bella Khider, Lacheraf, Aït Ahmed et Boudiaf se trouvent à Rabat. Ils viennent d’échanger longuement avec le sultan Mohammed V et son fils, le prince Hassan, au sujet de la conférence de Tunis à laquelle ils doivent se rendre à l’invitation de Habib Bourguiba. Puis vient le moment de partir. A l’aéroport, un changement de programme survient. Finalement, les 5 chefs historiques ne voleront pas dans le même avion que le sultan du Maroc. Celui-ci prendra un vol spécial qui survolera l’Algérie et met à la disposition de ses invités un autre avion, un DC3 de la compagnie Air Atlas, à bord duquel se trouve également un malade devant être hospitalisé à Tunis.

Le décollage s’effectue avec retard puis, après un moment, l’avion redescend et atterrit… aux Baléares, escale non prévue au programme. Les passagers ne s’inquiètent pas plus que ça. Lorsque l’avion redécolle, personne ne se doute que la décision a été prise par les autorités françaises, avec l’aval de Guy Mollet, d’intercepter cet avion en le faisant atterrir non pas à Tunis, mais à Alger. Pour occuper les passagers, les hôtesses de l’air leur servent des boissons et, parait-il, jouent même aux cartes avec eux. L’atmosphère est détendue. Le pilote, suivant les instructions des militaires français, fait tourner l’avion en rond au-dessus d’Alger pour faire croire aux dirigeants du FLN que tout se passe normalement et qu’ils arriveront à l’heure prévue à Tunis. Mais à la tombée de la nuit, le DC3 se pose sur le tarmac de l’aéroport d’Alger. Les cinq dirigeants du FLN, « hors-la-loi » et « terroristes » selon les mots de ce reportage des actualités de l’époque, sont arrêtés et faits prisonniers.

Ce détournement fut le premier acte de piraterie internationale ayant concerné un avion civil de transport de voyageurs.